Entrer en communion
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Entrer en communion

Quelques réflexions sur la vie en communauté de nos jours

J’ai compris une chose : le Christ et la foi en lui rendent heureux, resplendissant et brûlant.

Vendredi matin. Je prends le métro. Je ne le fais pas souvent puisque, habituellement, je peux aller à pied à mes différents lieux de réunion. La porte se ferme derrière moi. Pas de place assise…
Je regarde autour de moi… et je vois cette multitude « d’êtres isolés ». Et tout le monde ignore cette évidence! Tout semble nous dire que notre monde moderne a réussi, comme jamais jusque là, à mettre les personnes en contact les unes avec les autres. L’impossible est devenu possible : un portable par personne, sms illimités, tout un univers de musique, images, textes…. en un seul appareil !
On pourrait parler d’une sorte «d’hyper-communication » en train de supplanter tout autre type de « communion ». Les réunions et les « visites familiales », peuvent avoir lieu par skype ; les colloques amicaux passent des cafés et des salons vers les « blogs » virtuels…
Dans un monde de transformation rapide où, paradoxalement, la place de la conscience sociale et de la solidarité devient plus grande et où l’individu n’arrive plus à se repérer dans les structures sociales qui ne l’invitent qu’à se tourner vers lui-même, il est évident que la vie consacrée en communauté doit, plus que jamais, être un signe.
En créant l’être humain à son image et à sa ressemblance, Dieu l’a créé pour la communion. Le Dieu créateur qui s’est révélé comme Amour, Trinité, communion, a appelé l’homme à une intime relation avec Lui ainsi qu’à la communion interpersonnelle et la fraternité universelle (21).
La plus haute vocation de l’homme est d’entrer en communion avec Dieu et avec les hommes, ses frères
« Entrer en communion » Voilà le défi lancé aux hommes de tous les temps. Sortir de soi même pour aller à la rencontre des autres…. Et surtout de L’Autre.
Quand j’ai reçu l’appel de Dieu à le suivre… il m’invitait à le suivre « en communauté ». Cela n’enlève pas l’aspect personnel et intime de mon appel, de ma vocation. Au contraire. A partir de cette relation intime avec Lui, je deviens capable de découvrir sa présence dans les autres et, en même temps, de le rendre présent dans toute relation humaine.
Suivre le Christ signifie « entrer en communion » avec Lui. C’est exactement ce que l’on veut vivre chaque jour au sein de notre petite communauté de 13 consacrées et de 4 jeunes bénévoles.
Où se situe cette communion ? Quel est l’élément qui unit 17 femmes de 10 nationalités différentes ? Quel est le point d’union de ces 17 femmes de 18 à 72 ans ?
Le Christ lui-même qui les a appelées, convoque chaque jour ses frères et ses sœurs pour leur parler, les unir à lui et les unir dans l’Eucharistie, pour qu’ils soient toujours plus son Corps vivant et visible, animé par l’Esprit, en chemin vers le Père.
Le centre, le sommet, le fondement de toute vie communautaire c’est Le Christ. La communauté trouve dans la Vie même du Christ, son centre de gravité et sa force de cohésion.
Il ne s’agit pas que de belles paroles. Il s’agit d’une réalité qu’on constate tous les jours. Nous commençons notre journée par un temps d’oraison personnelle à la chapelle. Dans le silence, chacune se prépare à la rencontre de « Celui que leur cœur aime » en étant toutes ensemble au pied du tabernacle. Le dialogue reste totalement personnel, mais, grâce à lui, toute la communauté est unie. Ce moment d’oraison nous prépare à la Célébration Eucharistique qui va suivre.
Après le petit déjeuner – toujours en silence- nous nous occupons du ménage de la maison et nous nous préparons aux différents occupations apostoliques : catéchèse dans les écoles, accompagnement spirituel, groupes de prière…
Chacune part vers sa « terre de mission ». On essaye de se retrouver à la maison au moment des repas pour échanger idées et points de vue sur différents thèmes. Parfois, la lecture qui a été faite au début du repas va servir d’introduction. Mais ce peut aussi être ce qu’on a vécu dans la journée, ce qu’on a dans le cœur : ce qui nous réjouit, ce qui nous inquiète, les projets communs, les nouvelles de l’Eglise et du monde…
La semaine marche au rythme des activités apostoliques et des activités propres de notre vie consacrée : temps de formation, prière communautaire, moments de détente…
L’autre jour, à table, dans le silence matinal, je me suis sentie comme « émerveillée ». J’ai regardé autour de moi et j’ai eu l’impression d’être dans « La Chambre d’en haut » au moment de la Dernière Cène. Cette fois-ci il n’y avait ni zélotes, ni publicains et ni pêcheurs (c’est-à-dire les douze) réunis autour du Christ… mais j’ai pu voir plus d’une douzaine de femmes de tout horizon (Nouvelle Zélande, Canada, France, Mexique, Allemagne, Chili, Suisse et Venezuela) qui, après avoir partagé le Pain de l’Eucharistie, partageaient aussi leur pain… au chocolat !
Dans la simplicité et la joie, dans les profondeurs de la prière et dans le quotidien d’une vie offerte, nous vivons notre existence en cherchant à entrer en communion. Nous entrons en communion avec Dieu au moment de célébrer l’Eucharistie, quand nous nous unissons à Lui dans la prière, quand nous allons rencontrer « nos filles de la catéchèse », quand nous demandons la lumière du Saint Esprit pour pouvoir accompagner une jeune dans son cheminement spirituel, quand nous « communions » aux besoins, aux joies et aux peines des autres.
“L’amour du Christ a rassemblé dans l’unité un grand nombre de disciples pour que comme Lui et grâce à Lui, dans l’Esprit, ils puissent, à travers les siècles, répondre à l’amour du Père en l’aimant “de tout leur coeur, de toute leur âme, de toutes leurs forces” (Dt 6,5) et en aimant le prochain comme ils s’aiment eux-mêmes (cf. Mt 22,39).”
Viviana Limón, Directrice de la maison des consacrées à Paris