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« Vous donc, priez ainsi »

Lundi, 2 mars 2020

Saint Guénolé

Couleur liturgique : violet

Évangile selon saint Matthieu 6, 7-15

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »

Prière

Seigneur, aujourd’hui dans l’Évangile, tu m’enseignes à prier. Fais que je puisse renouveler ma prière et retrouver le goût d’une rencontre quotidienne avec toi.

Demande

Seigneur, apprends-moi à prier !

Réflexion

  1. « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens. »
    Jésus condamne une notion superstitieuse de la prière. La superstition ou la magie prétendent contrôler la réalité grâce à des formules, des rites. La magie reste dans une logique de cause à effet, de rétribution : si je fais ceci alors j’obtiendrai cela. Nous pouvons facilement dévier notre prière en lui prêtant un caractère magique, en prenant Dieu pour un distributeur de grâces à qui il faut payer le tribut d’une prière de temps en temps. On le contente avec notre prière du matin et du soir, la messe du dimanche, peut-être même le chapelet (!) et on espère être béni pour la semaine…
  2. « Vous donc, priez ainsi : Notre Père (…) »
    Mais Jésus présente une toute autre prière, une relation d’enfant à son Père. Dans sa définition même, le « père » est en relation avec le « fils » et vice-versa. L’un et l’autre construisent réciproquement leur identité : le fils le devient grâce à son père, et le père n’est « père » que dans la mesure où il a un fils. La prière est donc la porte d’entrée à cette relation essentielle de notre être qui nous définit au plus profond de nous-mêmes. Elle est le point de contact avec notre origine, avec le sens de notre existence. Et, pour cela, elle est aussi une louange à Dieu car elle le reconnaît dans son être de Père. Le père est aussi, par définition, celui qui donne gratuitement. Car la vie nous a été offerte sans aucun mérite de notre part, sans une bonne action qui ait pu la provoquer, elle ne nous était pas due ! Comme le dit saint Thomas, chez Dieu la miséricorde précède la justice. La prière ne peut donc pas être donnant-donnant, elle reconnaît simplement la bonté de Dieu qui précède nos propres désirs.
  3. « (…) qui es aux cieux »
    Jésus nous enseigne que Dieu se fait « notre » Père : l’adjectif possessif montre bien que Dieu se met à notre disposition, il devient « à nous ». Sainte Thérèse d’Avila raconte qu’un jour où l’Enfant-Jésus lui demanda son nom, elle répondit « Thérèse de Jésus » et, ne l’ayant pas reconnu, elle lui demanda le sien. Celui-ci répondit : « Jésus de Thérèse ».
    Depuis l’Ancien Testament, Dieu manifeste ce désir de devenir « notre » Dieu : « Je suis le Seigneur ton Dieu » (Ex 20, 2), « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Dieu s’est fait de plus en plus « à nous », jusqu’à se laisser manger dans l’Eucharistie. Cependant cette proximité de Dieu comporte un risque, celui de la banalisation. Comme dans toute relation humaine où l’un se livre à l’autre, on peut facilement passer du don à la manipulation. Nous aussi, nous pouvons manipuler Dieu, le cuisiner « à notre sauce », lui faire dire ce que nous voulons entendre. Voilà pourquoi nous répétons dans notre prière : « qui es aux cieux », c’est-à-dire que nous proclamons qu’il est « père », qu’il est « notre » père, mais nous reconnaissons qu’il est au-dessus de nous, qu’il n’est pas d’ici-bas, qu’il nous dépasse, qu’il ne se réduit pas à nos concepts humains.

Dialogue avec le Christ

Merci, Seigneur, car tu m’apprends à prier, car ton Esprit prie le Père en moi.

Résolution

Renouveler ma vie de prière.

Frère Melchior Poisson, LC

Méditations : Regnum Christi
Texte de l’Évangile et informations liturgiques : © AELF – Paris – Tous droits réservés