| | |

Rien n’est plus fort que toi

Mardi 10 mai 2022

Saint Jean d’Avila, prêtre et docteur de l’Église

Couleur liturgique : blanc

Évangile selon saint Jean 10, 22-30

On célébrait la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. Les Juifs firent cercle autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le-nous ouvertement ! » Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

Prière

Jésus, je viens devant toi, dans toute ma petitesse. Je suis comme une brebis (cf. Ez 34, 31) qui ne peut pas survivre seule, sans berger, comme les autres animaux. J’ai besoin de toi, Jésus. Nous avons besoin de toi. Nous sommes assaillis par les « loups » et par les « nations » (cf. Ez 34, 28), par l’incrédulité (cf. Jn 10, 26).

Demande

Seigneur, sauve-moi ! Seigneur, sauve-nous !

Réflexion

  1. « On célébrait la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. »
    La fête de la dédicace du Temple… et alors ? Et alors, cette fête pointe vers la fête de Pâques que nous venons de célébrer, bien qu’elle ressemble plutôt à celle de Noël. C’est une fête qui, dans le langage de saint Jean évangéliste, nous parle du Corps de Jésus puisqu’elle a un lien avec le Temple (cf. Jn 2, 14-21). Cette fête de la dédicace commémore la restauration du Temple par les Judéens après leur victoire contre Antiochus Épiphane, roi syrien. Ce dernier avait, entre autres, profané le Temple de Jérusalem avec mépris, par exemple en y sacrifiant un porc à Zeus pour ensuite en verser le bouillon sur l’autel et la Torah. Tout cela nous rappelle le mépris de la crucifixion et la restauration de la Résurrection nous rappelle les gestes de Dieu agissant dans l’histoire. C’était une fête de lumière, comme celle de la veillée pascale, où l’on écoutait la Parole de Dieu. On lisait le passage d’Ézéchiel 34 sur le vrai berger qui prendrait finalement soin des brebis (cf. Ez 34, 11), les défendrait des « animaux féroces » (Ex 34, 25) et qui reconnaîtrait la différence « entre brebis et brebis »(Ez 34, 17.22) ; tout comme le Christ qui viendra juger de façon juste et qui offre sa victoire définitive sur le démon, sur le péché et sur la mort.
    En ce temps pascal, qui dure jusqu’à la Pentecôte, y a-t-il un événement de votre vie dont vous pourriez faire mémoire qui ressemble au passage « mépris-restauration » de la profanation-restauration du Temple, de la profanation-Résurrection du Corps du Christ, de la profanation des faux bergers d’Israël et la restauration offerte par Dieu lui-même ?
  2. « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. »
    Par le culte (comme la fête de la dédicace et comme la célébration de Pâques), nous, ses brebis, écoutons la Parole de Dieu et nous faisons mémoire. Nous écoutons la Parole et nous nous souvenons de ses gestes au milieu de nos gestes. Par le culte, nous entrons graduellement dans la confiance que Dieu, par ses gestes, est fidèle à sa Parole. Il l’incarne, même. Il l’accomplit jusqu’au bout malgré tous les tournants de l’histoire. « Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage » et on pourrait ajouter, « voilà ce qui rend aussi témoignage au Père ».
    Oui, par le culte, nous faisons silence et nous écoutons. Nous écoutons la présence de Dieu. Nous écoutons sa victoire. Nous reconnaissons sa voix. Ensuite, par le culte, nous parlons au Pasteur, et il nous connaît jusqu’au plus profond de notre cœur. Il nous avertit de ce qui est la vraie menace ; il juge nos pensées de façon juste (cf. Ap 2, 16). Par le culte sacramentel, fondé sur la Pâque, nous suivons le Pasteur là où il nous mène, nous comprenons que les tournants de notre vie quotidienne, les joies et les souffrances, les vallées obscures et les verts pâturages sont l’espace où nous vivons une vie comme la sienne, avec la sienne, dans la sienne, par lui, avec lui et en lui. Nous entrons dans sa vie et nous nous unissons à sa mort à chaque instant de notre vie qui, elle-même, est devenue culte sacramentel. Par le culte, nous entrons dans son cœur, dans le cœur de la vie divine qu’est la grâce, qu’est – éventuellement – le ciel.
    En gardant dans votre cœur la situation que vous venez de commémorer, de quelle façon le passage d’Ézéchiel chapitre 34 vous parle-t-il ? Qu’entendez-vous le Berger vous dire ? Un seul mot peut tout changer (cf. Mt 8, 8).
  3. « Je leur donne la vie éternelle : jamais [mes brebis] ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. »
    Tout nous sera arraché, tôt ou tard. Tout. Tout et tous. Et aucun pouvoir humain ne pourra faire la différence… Sauf ce qui aura été placé dans les mains du Père, ou ceux qui auront été placés dans son cœur, c’est-à-dire, sauf ce que nous aurons perdu pour le lui donner (cf. Mc 8, 35). Et cela, par les sacrements, par notre prière, par notre intercession, par notre vie vécue en union avec la sienne. Et dans ce cas, l’autre extrême sera aussi vrai : aucun pouvoir humain ne pourra faire la différence sur ce qui aura été placé dans sa main au-delà de la mort, sur ce qui aura été restauré par lui pour toujours. Car lui seul est le point stable. Lui seul peut donner quelque chose de si grand, comme une vie sans début ni fin. Lui seul EST (cf. Ex 3, 14). Lui seul peut reprendre la vie quand elle est perdue (cf. Jn 10, 18) et nous la donner en plénitude (cf. Jn 10, 10). Personne ne pourra l’en empêcher… ni les « loups », ni les « nations », ni les « faux bergers ».

Dialogue avec le Christ

Jésus, je sais que tu es plus grand que toutes mes situations, que le Père est plus grand que toutes les situations du monde, que Dieu est infiniment plus grand que les hommes. Je viens placer entre tes mains les situations qui me semblent sans issue, je viens tout placer entre tes mains. Je viens t’adorer. Je viens écouter ta Parole. Je viens faire mémoire de ta victoire pascale pour que je puisse vivre ma vie par toi, avec toi et en toi. Amen.

Résolution

Aujourd’hui, parce que tu es « plus grand que tout », je laisserai la confiance remplacer la peur.

Véronique Chevrier, consacrée de Regnum Christi
Contacter l’auteur

Méditations : Regnum Christi
Texte de l’Évangile et informations liturgiques : © AELF – Paris – Tous droits réservés