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Que ton Règne vienne !

Jeudi 10 novembre 2022

Saint Léon le Grand, pape et docteur de l’Église

Couleur liturgique : blanc

Évangile selon saint Luc 17, 20-25

En ce temps-là, comme les pharisiens demandaient à Jésus quand viendrait le règne de Dieu, il prit la parole et dit : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » Puis il dit aux disciples : « Des jours viendront où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas. On vous dira : “Voilà, il est là-bas !” ou bien : “Voici, il est ici !” N’y allez pas, n’y courez pas. En effet, comme l’éclair qui jaillit illumine l’horizon d’un bout à l’autre, ainsi le Fils de l’homme, quand son jour sera là. Mais auparavant, il faut qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération. »

Prière

Mon Dieu, alors que je m’apprête à te prier, je veux me rappeler que, même si tu es invisible devant moi, tu n’es pas une idée. Tu existes vraiment. Même si tu es invisible dans cet endroit, tu es celui qui est (cf. Ex 3, 14). Non seulement tu existes, mais tu es : tu es et seras toujours le même, aujourd’hui, hier et demain (cf. Hb 13, 8). Tu es l’être même. Moi, je n’ai pas toujours été. Mon être dépend de toi et d’une multitude d’autres êtres. Toi, tu es d’une façon plus intense que moi. Toi tu es, indépendamment de l’existence de l’univers. Je me tourne vers toi aujourd’hui avec adoration, avec louange, avec reconnaissance, avec une grande conscience de ma petitesse devant toi, et de ta grandeur devant moi, cette grandeur que tu as bien voulu déverser en moi le jour de mon baptême.

Demande

Que ton Règne vienne !

Réflexion

  1. « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. »
    « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. » Point. Le règne de Dieu ne correspond pas à l’Église catholique, ni même au groupe des baptisés. Il ne s’identifie pas à ceux qui ont l’air heureux, ni aux souffrants, ni même à ceux qui ont l’air de ne pas pécher. Il ne peut être associé à ceux qui s’habillent de telle façon ou d’une autre. Il n’est pas la même chose que l’ensemble des groupes de jeunes ou d’adultes dans la paroisse ou dans notre famille spirituelle. Il ne correspond pas aux personnes de droite ni à ceux de gauche (ni au centre). Il n’est pas l’équivalent du groupe de pauvres et démunis. Il n’est pas la même chose que l’ensemble des prêtres ou consacrés, ni de ceux qui connaissent leur doctrine. Il n’est pas non plus réduit à ceux qui « m’écoutent » ou qui « pensent comme moi » ou qui « m’aiment » ou qui « font quelque chose pour changer le monde ». Et ainsi de suite.
    On ne peut tout simplement pas dire « “Voilà, [le règne de Dieu] est ici !” ou bien : “Il est là !” » Le règne de Dieu est in-visible.
    Mais alors, Seigneur, fais-je partie de ton règne ? Et telle autre personne ? Comment faire pour le savoir ? Comment savoir avec qui me tenir ? Comment savoir de qui me défendre ? Comment savoir qui évangéliser ? Comment savoir de quoi m’occuper et me préoccuper ?
    Tu sembles enlever de dessous mes pieds tout aspect qui me permettrait de contrôler la situation. Tu sembles niveler tout le monde et empêcher toute distinction de faire une différence. Tu sembles m’empêcher de juger les personnes…
  2. « Les pharisiens demandaient à Jésus quand viendrait le règne de Dieu (…) »
    Comme les pharisiens, je demande aussi : comment savoir si ton règne continue à « venir » dans ma vie ? Quand arrivera-t-il ? Quand saurais-je que je suis sauvé ou que quelqu’un d’autre est sauvé ? Quand le monde t’appartiendra-t-il ?
    Parfois l’on croit que la venue du règne de Dieu – chez les autres ou chez soi – c’est quelque chose comme : ne plus commettre tel péché, se sentir bien dans sa peau, réussir à faire tout ce qui était prévu sur la liste, avoir une conversation sans tensions, être comme telle autre famille ou tel autre groupe ou peuple, apprendre finalement à prier sans se distraire, pouvoir parler de Dieu sans peur, que les autres reconnaissent en moi une odeur de sainteté, participer à un cours sur la foi, donner de ses biens aux pauvres, jouir d’une structure politique qui tienne la route, la fin du racisme, la fin de la guerre, la fin du libertinage, la fin du matérialisme, la fin de la pauvreté, la fin de…
    À quels « moments » est-ce que j’associe l’arrivée du règne de Dieu dans ma vie ? À quels « moments » est-ce que je limite ma compréhension des « jours du Fils de l’homme » dans la vie de ceux qui m’entourent ?
    Et pourtant, Jésus me dit : « Des jours viendront où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas. On vous dira : “Voilà, il est là-bas !” ou bien : “Voici, il est ici !” N’y allez pas, n’y courez pas. »
    Mais alors, Jésus, encore une fois, tu sembles enlever d’entre mes mains tout aspect qui me permettrait de contrôler la situation. Tu sembles niveler toutes les situations, et empêcher toute distinction de faire une différence.
    Tu sembles m’empêcher de m’attacher à un moyen ou à un autre…
  3. « En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous (…) » ; « En effet, comme l’éclair qui jaillit illumine l’horizon d’un bout à l’autre, ainsi le Fils de l’homme, quand son jour sera là. »
    En effet, les mots de Jésus nous rappellent que le règne de Dieu est à la fois déjà présent et encore à venir. Il est caché quelque part « au milieu de [nous] » et à la fois caché à nos capacités car il est bien au-delà de nous.
    Jésus nous rappelle que Dieu, son Père, règne là où règne le Fils de l’homme qui est lui-même le Fils de Dieu. C’est lui qui est la mesure de la venue du règne de Dieu. C’est lui qui est déjà parmi nous et encore à venir. C’est lui qui contrôle qui fait partie de son règne et qui n’en fait pas partie. C’est lui qui discerne quels moyens sont à utiliser à tel moment, quels moyens sont à permettre à tel moment, pour que vienne son règne.
    Jésus nous rappelle que c’est son règne, pas le nôtre, que c’est le règne du Père, pas celui de certains êtres humains. Et il règne à sa façon.
    Et cette façon passe par « [beaucoup souffrir] et [être] rejeté par cette génération » pour ensuite arriver à « [illuminer] l’horizon d’un bout à l’autre comme l’éclair qui jaillit ».
    Alors Jésus, mon Christ et Seigneur, je reconnais que si je veux faire partie de ton règne, si je veux que les autres fassent partie de ton règne, si je veux que ton règne vienne sur la terre, je dois rendre les armes et les remettre entre tes mains, car c’est toi le Seigneur. Je te remets tout contrôle et toute puissance. Que tu sois béni, Jésus, pour ton royaume que tu fais grandir dans notre vie et dans notre monde à notre insu, à ta façon et jusqu’à ton triomphe.

Dialogue avec le Christ

Mon Dieu, tu connais tous les désirs de mon cœur. Tu sais que je désire le bien et le beau, le vrai et l’union dans ma vie et dans ceux qui m’entourent. Tu sais que je désire ton règne. Tu sais que je voudrais tant que les choses soient meilleures. Tu sais que je désire, finalement… le ciel. Aujourd’hui, je vois plus clair : je ne peux pas apporter le ciel sur la terre. Toi seul peux le faire. Je vois plus clair : je ne suis pas le Sauveur. Toi seul peux nous sauver. Alors je me tourne vers toi pour t’implorer, pour te supplier. Viens, Seigneur Jésus ! Viens régner en moi et parmi nous ! Viens quand tu voudras et de la façon que tu choisiras, mais viens, Seigneur ! Avec l’Esprit et l’Église, je veux chanter « Viens » (Ap 22, 17) : https://youtu.be/zufk7QBrAvE).

Résolution

Aujourd’hui, je vais laisser le Seigneur agir comme il veut à travers les circonstances de ma journée, sans essayer de les contrôler, et en répétant : « Que ton Règne vienne ! »

Véronique Chevrier, consacrée de Regnum Christi
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Méditations : Regnum Christi
Texte de l’Évangile et informations liturgiques : © AELF – Paris – Tous droits réservés