Pas n’importe quelle joie
Vendredi 10 mai 2024
Saint Jean d’Avila, prêtre et docteur de l’Église
Couleur liturgique : blanc
Évangile selon saint Jean 16, 20-23a
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions. »
Prière
Mon Dieu, je m’approche de toi en ce temps de Pâques, dont la célébration semble si loin derrière moi. Aide-moi, au milieu de toutes mes occupations, à continuer à trouver dans mon cœur et dans le monde des raisons de célébrer ta Résurrection. Esprit Saint, accorde-moi de descendre encore et encore dans les profondeurs de mon cœur où je trouve les vraies motivations et l’état le plus brut de mon être, cet endroit où nous sommes seuls, Dieu et moi, cet espace de liberté personnelle.
Demande
Accorde-moi une joie profonde, Seigneur !
Réflexion
- « Quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance (…) »
Seigneur, en comparant la joie débordante de ta Résurrection à la naissance d’un enfant, tu l’associes à toute une série de choses : la libération d’un poids très lourd, la fin d’une douleur qui, bien que passagère, est indicible, le soulagement de l’appréhension d’une possible mort de la mère ou de l’enfant (selon les conditions de ton temps), la découverte du visage d’un nouvel être humain tout petit et fragile qui révélera sa personnalité sous peu et, finalement, la perspective d’un futur plus riche, bien qu’il ne soit pas sans aventures. Tu nous dis aussi que ta Résurrection sera la fin de toutes nos « questions », ces questions, peut-être, qui tendent à surgir quand nous souffrons : « Pourquoi ? Pourquoi le mal ? Pourquoi moi ? Comment sortir de là ? Jusqu’à quand ? Es-tu là ? » - « (…) je vous reverrai, et votre cœur se réjouira. »
Seigneur, dans ma vie, qu’est-ce que cela signifie que tu me reverras, « et que [mon] cœur se réjouira » ? Et en quoi cela est-il lié aux thèmes précédents de l’accouchement et des questions posées ?
Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans le verset précédent ? Tu dis que la mère est « tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde ». Elle constate l’existence d’une nouvelle créature, d’une nouvelle création qui la dépasse complètement. Toutefois, c’est une nouvelle création avec laquelle elle a aussi a collaboré, non sans un autre, et après beaucoup d’effort de sa part.
Est-ce à ces moments-là que tu me revois, que tu reviens, lorsqu’il y a des signes de vie nouvelle autour de moi, des signes de collaboration et la culmination d’efforts ? Et surtout, les signes d’une vie qui me dépasse certainement : ces moments où la vie se montre plus forte que la mort ; l’amour, que la haine ; la lumière, que les ténèbres ; la foi, que le désespoir ? Oui, je crois. Viens me voir, Seigneur ! Accorde-moi de remarquer ta présence au milieu des événements de la vie. Je suis si prompt à voir le côté négatif et je manque les moments de résurrection ! - « Et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. »
Oui, certainement, les belles choses de la vie sont signes de ta présence, mais la joie de les trouver ne dure pas, car la vie n’est pas seulement faite de nouvelles créations. Et toi, tu me dis que « [ma] joie, personne ne [me] l’enlèvera ». Alors, il doit y avoir quelque chose de plus.
En relisant la phrase au sujet de la mère qui est « tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde », je sonde ton Cœur et j’y trouve ta Mère… tout heureuse que tu sois venu au monde. Je la vois aussi « dans la peine » sous la croix parce que « son heure » et la tienne (cf. Jn 12, 23) étaient alors arrivées. Et je la vois finalement se réjouir parce que tu l’as revue (cf. Jn 16, 22), une fois ressuscité.
Être capable de voir le bien dans le monde, cela réjouit. Mais être capable comme Marie d’y voir la source même du bien qui, ayant vaincu le mal et la mort, porte cette victoire là où il passe, cela réjouit en profondeur ; et cette joie-là, personne ne peut l’arracher. Certes, ta présence paraîtra initialement toute fragile et impuissante comme un enfant nouveau-né mais, si j’y crois, elle aura l’ampleur de l’éternité. Accorde-moi cette certitude, Seigneur ! Que la joie de ta Résurrection m’habite en profondeur, je t’en prie !
Dialogue avec le Christ
Jésus, augmente ma foi. Ne me laisse pas croire que le mal et la mort ont le dernier mot ; ne me laisse pas croire qu’ils sont plus forts que toi, car c’est faux. Accorde à mon cœur de sans cesse s’accrocher à toi et de me réjouir en ta présence qui change tout en joie profonde malgré les difficultés et, un jour, en joie éternelle.
Résolution
Aujourd’hui, je vais chercher les clins d’œil de Dieu et croire en sa présence transformatrice.
Véronique Chevrier, consacrée de Regnum Christi
Contacter l’auteur
Méditations : Regnum Christi
Texte de l’Évangile et informations liturgiques : © AELF – Paris – Tous droits réservés