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« Nous ne fuyons pas le monde »

Entretien avec deux jeunes Allemands qui ont vécu l’expérience du noviciat

Première publication le 20 février 2024 par Regnum Christi Allemagne

Deux jeunes Allemands ont participé à la candidature des Légionnaires du Christ au noviciat européen de Madrid. Dans cette interview, ils nous expliquent les raisons de leur démarche et ce qui les a attirés.

Dans un monde en mutation, où la recherche du sens et de l’authenticité de la vie se fait de plus en plus pressante, deux jeunes Allemands se sont mis en route pour répondre à un appel. Pour eux, il s’agit plus qu’une décision. Au sein du noviciat des Légionnaires du Christ, ils explorent les questions fondamentales : qui sont-ils ? Qui veulent-ils devenir ? Qui est Dieu ? Qu’a mis Dieu dans leur cœur ?

Fin novembre 2023, Elias Hamperl, 22 ans, et Côme Pistner, 21 ans, ont confié à Karl-Olaf Bergmann, directeur de la communication de la province d’Europe centrale et occidentale, le témoignage de leur séjour au noviciat de Madrid. C’est à la fin du mois d’août 2023 qu’ils ont commencé cette période de discernement vocationnel avec un autre jeune homme originaire d’Italie.

Elias est originaire de Bavière. Après avoir terminé ses études secondaires en 2021, il a rejoint le Centre des vocations de Bad Münstereifel et a ensuite effectué une année de volontariat social dans une école primaire.

Côme est originaire du diocèse d’Erfurt. Après ses études secondaires, il a passé une année en tant que volontaire international de Regnum Christi à Paris. Il voulait ensuite se lancer dans des études de médecine, mais il a ressenti un « appel profond » à discerner une éventuelle vocation à la vie sacerdotale.

Elias, comment vous est venue l’idée de vous porter candidat ? Qu’est-ce qui vous a conduit à cette décision ?

Elias : Très jeune déjà, je m’intéressais beaucoup à ce que faisait le prêtre pendant la messe. Pour ma première communion, ma grand-mère m’avait persuadé d’aller en pèlerinage à Medjugorje, où j’ai ressenti un fort enthousiasme pour la foi, le sacerdoce chez les autres et aussi en moi-même. Depuis lors, je me suis demandé si je pouvais être appelé à la prêtrise. À l’âge de 15 ans, je me suis rendu au Centre des vocations des Légionnaires du Christ. Pendant cette période, j’ai vécu une expérience concrète de « la vie et du travail d’un prêtre ». Le désir de vivre comme un prêtre a donc grandi en moi.

Au fil des années, j’ai été conforté dans ma décision de suivre cette voie et participer à la candidature a été ma première étape tangible. J’avoue que je me suis rendu à Madrid avec des sentiments mitigés, car je ne savais pas trop à quoi m’attendre au noviciat. Je craignais que la vie quotidienne soit la source de nombreux renoncements, d’efforts et de monotonie. Mais, une fois sur place, mes inquiétudes se sont dissipées… Je me suis rendu compte que les autres jeunes étaient aussi tout à fait « normaux » et surtout qu’ils pouvaient « être eux-mêmes » et ne pas vivre comme si on leur imposait quelque chose. Après cette expérience positive, il m’a été beaucoup plus facile de me décider à franchir le pas, d’autant plus que j’avais vraiment envie de passer du temps au noviciat !

Qu’est-ce qui vous plaît le plus au noviciat ?

Elias : Pour moi, la candidature est un moment où je peux mieux connaître le noviciat et me connaître moi-même, pour voir si Dieu m’appelle dans cette communauté de vie religieuse. Cela m’aide beaucoup de vivre le quotidien des novices et d’être accompagné par des prêtres plus expérimentés. J’apprécie particulièrement la vie communautaire avec les camarades avec lesquels je partage de nombreux centres d’intérêt.
En outre, le cadre magnifique et paisible de la maison située dans les montagnes à l’extérieur de Madrid aide à se concentrer sur le discernement de la vocation. On dispose de beaucoup de temps pour la prière et la réflexion, mais aussi d’un programme varié avec des sorties, du sport, etc.
Pour moi, le noviciat est actuellement le meilleur endroit pour aborder ma vocation.

Et vous, Côme, comment cela s’est-il passé et qu’est-ce qui vous a amené ici ?

Côme : Pour moi, c’était un peu différent d’Elias. Ce qui m’a attiré, et probablement la plupart d’entre nous, spontanément, c’est l’image de notre propre famille. Grâce à Regnum Christi, la question de la croissance et de l’approfondissement de ma propre foi s’est posée, et ce n’est que plus tard qu’est venue la question de la prêtrise. J’ai longtemps porté cette question en moi, pouvant parfois y répondre temporairement, parfois la mettre de côté. À la fin, je savais que ce n’était qu’une réponse provisoire. Cela m’a conduit au noviciat, au fait que je ne voulais plus tergiverser, que je voulais aborder la question sérieusement, que je voulais prendre mon temps.
Avec le temps, j’ai également pu découvrir la beauté de la vie spirituelle, ce qui m’a également attiré vers Regnum Christi en général. Au début, la question de la vocation était plutôt abstraite, mais je me suis vite rendu compte qu’elle suscitait des interrogations concrètes.

Quel a été chez vous le facteur déclenchant de la recherche d’une vocation et comment en êtes-vous venu à vous poser cette question ?

Côme : Pour moi, cela a d’abord été associé à beaucoup d’incertitudes et de peurs, parce que j’y voyais surtout des renoncements.

Elias : Pour moi, c’était lié à la question que les autres me posaient : « Que veux-tu faire quand tu seras grand ? » Dans ce contexte, plusieurs profils professionnels sont apparus, mais ils ne me satisfaisaient pas. En tant qu’enfant, on répond bien sûr par toutes sortes de choses à cette question et, pour moi, la vocation sacerdotale était l’une d’entre elles. Ce qui dépasse en quelque sorte le cadre normal pour moi, c’est que la question de la vocation sacerdotale m’a accompagné pendant 21 ans, parfois plus présente, parfois moins présente. Au fil des ans, il y a toujours eu des indices de réponse, mais la vocation est restée un processus constant de redécouverte. Je pense aussi que la vocation reste toujours une aventure avec Dieu.

Qu’est-ce qui vous motive à aller au cœur de la question de la vocation et à ne pas l’éviter ?

Elias : Pour moi, c’est aussi lié à la question : Qu’est-ce que je veux être dans ma vie, c’est-à-dire comment est-ce que je désire être heureux ? Ou encore : Comment est-ce que je veux façonner ma vie ? Ne pas chercher de réponse à cette question est en fait contraire à notre nature humaine. C’est comme si vous ne vous souciiez pas de ce qui se passera après le lycée. De plus, la question joue un rôle important : qu’est-ce que je veux laisser derrière moi après le lycée ? Je suis le genre de personne qui aime répondre aux questions en allant à l’essentiel.

Côme : Je peux le résumer en une phrase. En fin de compte, il s’agissait d’une sorte d’honnêteté envers moi-même. Je me suis posé cette question d’une certaine manière et je voulais vraiment examiner mes motivations et mes réactions, y faire face et trouver une réponse. Et ce, dans la perspective d’espoir de la foi, en ce sens que je sais que, grâce à ma foi, quoi qu’il arrive, Dieu peut me rendre heureux. Mais c’est souvent difficile dans la vie de tous les jours, parce qu’il y a tant à faire. Il faut parfois du temps pour s’avouer les choses, pour chercher le contexte et se demander pourquoi. Je veux regarder cela honnêtement et l’examiner en moi-même et devant Dieu. C’est la raison pour laquelle j’ai franchi ce pas.

Qu’est-ce qui est le plus important pour vous dans la candidature ?

Elias : J’apprécie avant tout la liberté d’être candidat. C’est encore possible à cette étape. Et c’est ce dont j’ai besoin en ce moment, car il se passe beaucoup de choses dans ma famille. Ma mère est gravement malade, c’est pourquoi j’étais avec elle l’année dernière, et j’ai encore beaucoup de choses à organiser.

Côme : Grâce à la candidature, j’ai pu m’immerger pas à pas, très progressivement, dans la vie du noviciat, par exemple en ce qui concerne les temps de prière. L’accompagnement spirituel pendant cette période est particulièrement précieux pour moi, surtout l’expérience d’un formateur bienveillant et ouvert, qui me permet beaucoup de choses et me donne du temps.

Elias : Je suis également d’accord pour dire que l’on n’y ressent aucune pression : c’est une caractéristique particulière de la candidature. Même si vous découvrez que la vocation sacerdotale n’est pas pour vous, vous pouvez partir en toute liberté.

Qu’est-ce que les autres doivent savoir sur la candidature ?


Elias : Pour moi, il est important de dire que nous sommes une communauté très heureuse, que nous sommes très sereins et « normaux », avec les pieds sur terre et non hors du monde. Le noviciat ne répond pas non plus au cliché selon lequel on ne peut pas sortir des murs « du monastère », je suis même surpris de voir à quel point nous sommes souvent « dehors », par exemple en ville, où nous donnons des cours de confirmation, etc. Dans notre groupe, il n’y a pas non plus de personnes qui fuient le monde ou les problèmes, ou qui ne savent pas quoi faire de leur vie. Je pense que chacun ici aurait également une autre option.

Côme : Elias l’a bien exprimé. Je suis d’accord avec lui (rires).

Merci pour votre ouverture d’esprit et pour cette conversation enrichissante !