Notre Père
Mercredi 5 octobre 2022
Sainte Faustine Kowalska, vierge
Couleur liturgique : vert
Évangile selon saint Luc 11, 1-4
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : “Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation.” »
Prière
Jésus, je suis à l’écoute pour t’accueillir en ce moment. Je t’offre tout ce que je suis et tout ce que j’ai. Me voici entièrement devant toi.
Demande
Jésus, apprends-moi à prier.
Réflexion
La prière du Seigneur est considérée comme l’un des plus grands trésors de la foi chrétienne parce qu’elle constitue un résumé dense de l’Évangile. Pétrie d’Ancien Testament, la prière du Seigneur assume la foi et la prière d’Israël pour les mener à leur perfection dans le Christ. Lui, le Fils unique, éclaire pleinement la réalité de la filiation divine révélée à Israël, destinée à tous les hommes et donnée à vivre aux baptisés. Cette prière constitue à elle seule un véritable itinéraire de vie spirituelle pour les baptisés.
Nous connaissons la prière de Jésus par cœur et nous la récitons chaque jour. Toutefois, osons rappeler d’abord le contexte dans lequel elle est énoncée, ainsi que certains aspects de son contenu, afin de la prier avec toujours plus de ferveur.
- Tout d’abord, rappelons que cette prière nous est parvenue sous deux formes. Nous venons de lire celle proposée par l’évangéliste Luc. Le contexte est bien particulier. Chez Luc, la prière du Seigneur arrive relativement tard dans l’Évangile – en comparaison avec l’Évangile de Matthieu – vers la fin du ministère de Jésus, soit dans le premier tiers de la montée vers Jérusalem et donc dans le contexte qui précède et annonce la Passion. La prière est donc délivrée aux disciples à la manière d’un testament.
- Deuxièmement, la prière est formulée suite à la demande d’un disciple qui regardait Jésus prier : « Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Le disciple avait vu Jésus s’éloigner pour prier et revenir. Sans doute devait-il rencontrer des difficultés à prier comme le faisait Jésus. Il lui demande donc de l’y aider. Jésus va leur enseigner, non pas un traité doctrinal sur la prière en général mais, à partir de sa propre prière de Fils unique du Père, il va leur apprendre à prier. Il parle à partir de son expérience. Cette prière vise donc à manifester l’attitude spirituelle de Jésus, le Fils incarné, à l’égard de son Père, tout en se transposant en des termes que les hommes, fils pécheurs, peuvent prononcer. En effet, Jésus ne pouvait pas formuler la quatrième demande pour lui-même (« pardonne-nous nos péchés ») ! La prière du Seigneur offre ainsi un itinéraire de conversion intérieure pour devenir fils avec le Fils. Cette prière est donnée aux disciples afin de combler le désir, la soif de Dieu qu’ils ressentaient : « Apprends-nous à prier ! »
- La demande centrale de la prière est celle concernant le pain : « Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. » Arrêtons-nous sur la notion de pain et son enracinement biblique.
Dans le livre de la Genèse, la difficulté à obtenir le pain est formulée : « À la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise. » (Gn 3, 19)
Paradoxalement, au temps de Joseph, il y a du pain en Égypte, là où se trouve le juste Joseph, et non à Canaan : « Alors commencèrent les sept années de famine, ainsi que Joseph l’avait annoncé. La famine sévissait partout, mais dans tout le pays d’Égypte il y avait du pain. » (Gn 41, 54)
Dans le livre de Ruth, on apprend que le pain est un don de Dieu : « Alors, avec ses belles-filles, elle se prépara à quitter les Champs-de-Moab et à retourner chez elle, car elle avait appris que le Seigneur avait visité son peuple et lui donnait du pain. » (Rt 1, 6)
Le psaume 77 rappelle aussi que c’est Dieu qui avait donné la manne dans le désert : « Pour les nourrir il fait pleuvoir la manne, il leur donne le froment du ciel ; chacun se nourrit du pain des Forts, il les pourvoit de vivres à satiété. » (Ps 77, 24‑25)
Ailleurs, il arrive même que l’absence de Dieu soit comparée à un « pain de larmes » : « Je n’ai d’autre pain que mes larmes, le jour, la nuit, moi qui chaque jour entends dire : Où est-il ton Dieu ? » (Ps 41, 4)
Le pain est revigorant : « Le vin qui réjouit le cœur de l’homme, l’huile qui adoucit son visage, et le pain qui fortifie le cœur de l’homme. » (Ps 103, 15)
Enfin, le pain dit la fidélité de Dieu : « À toute chair, il donne le pain, éternel est son amour ! » (Ps 135, 25) ou encore « Il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. » (Ps 145, 7)
Même la sagesse se compare à du pain : « Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé ! Quittez l’étourderie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence. » (Pr 9, 5‑6)
Enfin, chez Isaïe, le pain devient pain de la promesse : « Pourquoi dépenser de l’argent pour autre chose que du pain, et ce que vous avez gagné, pour ce qui ne rassasie pas ? Ecoutez, écoutez-moi et mangez ce qui est bon ; vous vous délecterez de mets succulents. » (Is 55, 2) « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger. » (Is 55, 10)
C’est dans tout ce passé que le pain, dans la prière de Jésus, s’enracine et prend sens. On peut même affirmer que le pain que nous donne Jésus vient combler les hommes d’une manière plénière. Ce pain quotidien que nous demandons dans la prière de Jésus, n’est-il pas le pain eucharistique offert chaque jour ?
Dialogue avec le Christ
Seigneur, tu m’as appris à prier en me léguant tes Paroles dans cette belle prière, mais aussi ton Corps qui est le Pain de Vie, ce pain quotidien. Puissent tes Paroles, ainsi que le don de ton Pain, nourrir mon corps et mon esprit chaque jour en fortifiant ma foi et mon amour.
Résolution
Aujourd’hui, si j’en ai la possibilité, j’irai recevoir le pain du jour à la messe. Si cela m’est impossible, je ferai une communion spirituelle :
« Mon Jésus, je crois à votre présence dans le Très Saint Sacrement. Je vous aime plus que toute chose et je désire que vous veniez dans mon âme. Je ne puis maintenant vous recevoir sacramentellement dans mon cœur : venez-y au moins spirituellement. Je vous embrasse comme si vous étiez déjà venu, et je m’unis à vous tout entier. Ne permettez pas que j’aie jamais le malheur de me séparer de vous. » (Prière pour la communion spirituelle de saint Alphonse de Liguori)
Emanuelle Pastore, consacrée de Regnum Christi
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Méditations : Regnum Christi
Texte de l’Évangile et informations liturgiques : © AELF – Paris – Tous droits réservés