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Neuf jours avec Marie-Madeleine

Suivons Marie-Madeleine dans ses réflexions, sa rencontre avec le Christ, ses joies et ses souffrances en l’accompagnant de Galilée jusqu’à sa mort à Jérusalem et sa Résurrection.

Neuvaine de méditation et de prière

Par Jennifer Ristine

La figure de Marie-Madeleine symbolise la bonne nouvelle de Jésus qui vient nous rencontrer, même dans le désordre de notre vie. Il nous prend par la main et nous invite à une liberté toujours plus nouvelle et profonde ; une liberté vécue selon notre dignité, faite à l’image de Dieu. Pendant neuf jours, suivons Marie-Madeleine dans ses réflexions, sa rencontre avec le Christ, ses joies et ses souffrances en l’accompagnant de Galilée jusqu’à sa mort à Jérusalem et sa Résurrection. Une méditation du parcours d’une âme : exister, participer à la mission d’étendre son Règne, faire l’expérience de l’amour personnel et rédempteur du Seigneur ; découvrons, comme Marie-Madeleine, le désir de Dieu de nous attirer dans une communion d’amour. 
Retrouvez chaque jour une réflexion illustrée suivie d’une prière.

Jennifer Ristine est consacrée de Regnum Christi. Elle vit dans la communauté de consacrées à Magdala en Terre Sainte où elle accompagne les nombreux pèlerins qui viennent découvrir ce lieu saint au bord du lac de Galilée.

Introduction

Dans un monde toujours plus matérialiste qui admire toutefois les héros, les saints représentent ce que Superman signifie pour les personnages de bandes dessinées : des personnages classiques éternels, qui représentent le bien et triomphent des maux de la société, quelle que soit la multitude des idoles inventées pour distraire le commun des mortels. Contrairement aux héros de bandes dessinées, les saints ne sont ni mythiques, ni inventés par des procédés scientifiques expérimentaux, ni des phénomènes insolites. Ce sont de fragiles vases d’argile réceptifs à la grâce divine. Comme les héros de bandes dessinées, les  saints sont uniques et au-delà de l’ordinaire. Mais contrairement aux personnages fictifs, la possibilité de participer à la communion des saints est ouverte à tous. C’est une école universelle pour tous.

Les saints « apparaissent » grâce à des rencontres libres, profondes et continuelles avec le Seigneur. Ils nous offrent un contrôle de la réalité. Personne n’est exempt d’une lutte quotidienne. Ils nous rappellent que notre cœur humain désire quelque chose de plus, qu’il recherche du sens et découvre une raison d’être en lui et au-delà de lui-même. En fin de compte, les saints sont des phares qui nous indiquent le chemin vers la maturité complète dans la liberté et l’amour. Les saints défient les « méchants » par leur simple témoignage de sainteté vécue au sein du désordre des difficultés de la vie. Ils ont choisi le bon allié, un guide qui ne demande rien d’autre que ce que lui-même a donné – sa vie par amour. Les saints redirigent ou gardent le cap de la foi, de l’espérance et de l’amour en toutes circonstances. Ils ont été fidèles jusqu’au bout. Et ils continuent leur fidélité au Seigneur, invisibles aux yeux humains. Leur stratégie ? Ils sont là pour nous. 

Les saints sont nos amis. En tant que tels, ils nous invitent à partager les trésors spirituels qu’ils ont déjà reçus. Ils veulent partager la joie de leur profonde rencontre avec le Seigneur, qu’ils ont eu la merveilleuse grâce de réaliser. Saint François nous invite à la joie de vivre la simplicité évangélique pour découvrir le meilleur joyau de la providence du Père : détacher nos cœurs des biens terrestres. Mère Teresa nous invite à une compréhension intime de la soif de Jésus pour les âmes par la rencontre des pauvres et des malheureux. Quand nous rencontrons un saint qui nous attire, il est sûr que Dieu a envoyé son ambassadeur pour nous encourager, nous offrir des messages de vie et nous guider lorsque nous entrons dans le mystère de la relation dynamique avec Dieu.

Dans cette neuvaine – méditation de neuf jours – vous êtes invités à marcher avec Marie-Madeleine. Laissons-la partager avec nous les biens spirituels et les trésors qu’elle a découverts sur son chemin en devenant disciple missionnaire. Son parcours nous rappelle une vérité fondamentale : nous sommes créés par amour et pour l’amour. Nous portons notre vocation dans des vases fragiles. Le désir naturel d’amour implique la liberté de le suivre, mais il lui faut une boussole ou un guide. Marie-Madeleine a probablement goûté aux profondeurs de la liberté, un modèle de liberté qui l’a entraînée vers un genre de mort spirituelle et un autre l’a conduite vers une nouvelle vie. Une utilisation malencontreuse de la liberté l’avait liée à « sept démons ». En quelque sorte, peut-être pouvons-nous tous nous sentir concernés, en reconnaissant les idoles subtiles qui étouffent la vie de Dieu en nous. Mais la bonne nouvelle c’est que Jésus apparaît dans le désordre de notre vie. Nous avons Marie-Madeleine comme le témoin de cette bonne nouvelle. Comme il l’a réalisé avec Marie-Madeleine, Jésus vient à notre rencontre, nous prend par la main et nous invite à une liberté toujours plus nouvelle et profonde ; une liberté vécue selon notre dignité, faite à l’image de Dieu.

En commençant cette neuvaine, réfléchissons au parcours d’une âme. Le simple fait d’exister est signe du désir de Dieu de nous attirer dans une communion d’amour. Au-delà de cela, un autre signe de l’amour de Dieu est son invitation à participer à la mission d’étendre son Règne, en entraînant de nombreuses autres personnes à faire l’expérience de l’amour personnel et rédempteur du Seigneur. Personne n’est exclu de cette invitation. En réfléchissant à l’appel personnel, unique du Christ tout au long de nos vies, soyons emplis d’espérance et demandons à Marie-Madeleine d’intercéder pour nous et pour ceux qui ont besoin de l’espérance qui ne déçoit pas (Cf. Rm 5, 5).
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Gn 1, 27)  

Lorsque je m’assois au bord de la mer de Galilée, je ne peux m’empêcher d’imaginer ce qui pouvait traverser le cœur de Marie-Madeleine lorsqu’elle s’y asseyait également, il y a bien des années. Voici la scène qui se présente : des vaguelettes clapotant sur le bord, le vent agitant légèrement les longues herbes, le ciel bleu émaillé de petits nuages, la multitude d’oiseaux voletant autour et les collines majestueuses se profilant sur les rives lointaines.

La beauté de la nature joue un rôle nostalgique qui signifie que l’on appartient à toutes ces personnes qui, au travers des siècles, ont découvert une vérité fondamentale alors qu’ils contemplaient ces bords du lac. C’est un don créé pour moi. Mais incomparable au don extraordinaire de la vie, ouvert vers l’horizon éternel : ma personne, qui se trouve à un endroit unique de la création, je suis appelé à entrer en amitié avec mon Créateur (Cf. CEC 355).
Bien que toute la création glorifie Dieu, l’herbe, les nuages, l’eau et les collines ne peuvent connaître Dieu. Les oiseaux ne peuvent choisir consciemment d’aimer Dieu. Moi seul, en tant qu’être humain, créé à l’image de Dieu, suis invité à participer à la propre vie de Dieu. J’ai en moi le potentiel d’accepter avec amour et foi cette alliance pleine de grâce, avec tout ce que cela entraîne, ou d’ignorer la main de Dieu en essayant de vivre en dehors de la vocation inhérente à laquelle je suis appelé : une communion d’amour avec Dieu et les autres.

Quelles que soient les conditions et circonstances de vie à affronter, nous ne pouvons rejeter notre dignité fondamentale. Aucun événement passé, présent ou futur, aucun choix ne peut changer notre identité de créature de Dieu faite à son image. Quelquefois cette vérité est une faible lumière qui soutient l’espérance. Peut-être Marie-Madeleine a-t-elle ressenti cela sur les bords de la mer de Galilée, ce qui l’a aidée à garder l’espoir d’une vie nouvelle meilleure, au-delà de ses « sept démons ».

Père des Cieux, vous nous avez créés par amour et pour l’amour. Que la vérité de notre dignité résonne profondément en nos cœurs. Aidez-nous à vivre selon cette identité faite à votre image. Venez en aide à ceux qui luttent avec un véritable sens d’identité et de but pour leur vie. Qu’ils découvrent que vous êtes un Père aimant qui les invite à une communion pleine de vie avec vous-même et les autres. Apprenez-nous à entrer en communion avec tous ceux que nous rencontrons dans notre vie quotidienne, réfléchissant l’amour que vous avez pour chacun de vos enfants.
Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.

Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des cieux est tout proche”. (Mt 4, 17)  

Ce que j’aime tant chez Marie-Madeleine, c’est qu’elle était humaine. Comme les hommes et les femmes depuis Adam et Ève, elle connaissait la réalité du péché. Elle a mené une lutte au plus intime de son cœur quand une liberté mal guidée ou mal formée entraîne des désirs qui y étouffent la vie de Dieu. Les évangélistes l’ont présentée comme « Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons » (Lc 8, 2). Que pouvaient être ces sept démons ? Les théories abondent : une maladie mentale – épilepsie, schizophrénie – ou alors une réelle possession ?

Les sept démons de Marie-Madeleine, quelle qu’en soit leur origine, représentent la réelle menace de la vie de chacun : les idoles. Les idoles se présentent sous de nombreuses formes et prennent l’aspect d’amours mal construites, de l’idolâtrie de soi-même par orgueil jusqu’aux manières subtiles dont je remplace Dieu par les choses de Dieu. Comme il est facile de placer mes sécurités dans la possession de biens matériels, le succès de mes efforts personnels, les affirmations des autres, mes tentatives de contrôler les circonstances et toutes les idoles subtiles qui me lient lorsque je recherche des satisfactions particulières.

On ne peut nier la réalité de la tentation et la possibilité du péché. Comme chez Marie-Madeleine, nos cœurs sont un champ de bataille où s’opèrent les choix entre le Royaume de Dieu et le royaume de Satan. Jésus est venu pour mener cette bataille et il a vaincu. Dès le début de sa vie publique, il a dépassé les tentations présentées par Satan. Ses premières paroles sont une invitation urgente : 
Convertissez-vous, car le royaume des cieux est tout proche. (Mt 4, 17)

Des rives de la mer de Galilée à Magdala, Marie-Madeleine a pu tout à fait entendre ces paroles. Son sévère tourment de conscience a agi comme un signal : quelque chose était désordonné. Mais les paroles de Jésus n’étaient en rien un châtiment. C’était une invitation. Cette invitation s’adresse à chacun de nous, tous les jours. Que nos premiers élans soient de reconnaître nos défauts et nos péchés, face à Dieu le Père qui nous attend et nous tend les bras.

Père des Cieux, vous voulez que vos enfants reviennent à vous. Éclairez-moi par votre Esprit Saint afin que je distingue clairement les idoles qui cherchent à dominer mon cœur, prenant la place réservée à votre Fils, Jésus-Christ. Permettez-moi un réel repentir de mes péchés et le désir de vous aimer par-dessus tout. Entendez l’appel de ceux qui sont loin de votre amitié, surtout ceux qui ressentent la solitude, la confusion et le désespoir, et ceux qui vous rejettent explicitement. Envoyez votre Esprit avec ses dons salutaires, menant à la conversion du cœur et au courage d’un nouveau commencement.
Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.

« Si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous. » (Lc 11, 20)

L’ancienne synagogue et le marché mis à jour par les fouilles récentes à Magdala en Galilée nous permettent d’imaginer parfaitement Jésus en train d’enseigner, de guérir et de rencontrer la foule. J’aime imaginer Marie-Madeleine qui y observait Jésus. Petit à petit les paroles de Jésus ont excité sa curiosité, lui parlant directement ; elle le recherche donc. D’abord elle garde la distance, observant de loin. Peut-être le regarde-t-elle sur la place du marché, confrontant les Pharisiens auxquels il révèle ce qu’il voit dans leurs cœurs. 
Quel malheur pour vous, pharisiens, parce que vous aimez le premier siège dans les synagogues, et les salutations sur les places publiques. (Lc 11, 43) 
Elle doit se demander : s’il peut voir les cœurs hypocrites de ces hommes, que voit-il en moi ?
Puis un jour elle ose entrer dans la synagogue où il prêche. Elle voit Jésus s’approcher d’une femme infirme depuis dix-huit ans. Il pose la main sur son dos voûté et elle se redresse immédiatement. Surprise, délice et colère parcourent l’assistance. Les chefs de la synagogue lui reprochent le fait d’avoir accompli une guérison le jour du sabbat. Avec une claire autorité, Jésus leur répond qu’il est normal que cette femme liée par Satan soit libérée un jour de sabbat (Cf. Lc 13, 10-17).
Marie ressent une certaine espérance : « Pourrait-il aussi me libérer ? ». Une certaine renonciation et une vulnérabilité enfantine l’entraînent aux pieds de Jésus. Elle croit. Elle a confiance. Lui seul peut la délivrer des esprits impurs qui l’attachent. Son seul regard pur, plein d’amour, en fait une nouvelle femme, qui ressent sa dignité et qui sait qu’elle est aimée sans conditions.
On ne sait pas où et quand Jésus a libéré Marie ; mais ce fut un moment charnière dans son parcours. Il ne s’est pas imposé mais il l’a accueillie. Ce fut immédiatement une délivrance, une « prise de liberté » et une initiation au Royaume de Dieu. Jésus dit : 
Si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous (Lc 11, 20) 
Le doigt de Dieu est l’Esprit Saint qui a le pouvoir de restaurer la vie. Jésus nous invite à une plénitude de vie, une communion profonde avec le Père et l’Esprit Saint, qui commence à notre baptême et mûrit au cours de notre vie.
Trop souvent, « avoir succombé » nous entraîne à craindre Dieu et à ne pas répondre à son invitation d’amitié (Cf. CEC 29). Peut-être ne voyons-nous que les yeux d’un père déçu, plutôt que les bras grand ouverts de Jésus aimant. Quand nous avons été bannis originellement du jardin, le Père a envoyé son Fils qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père (Ap 1, 5-6)
Entrer dans ce Royaume demande un esprit d’enfant, confiant, comme nous le dit Jésus : 
Si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux (Mt 18, 3)
Seigneur Jésus, transforme notre cœur par ton amour personnel, inconditionnel. Guéris mon chagrin, restaure ma dignité et fais disparaître tout ce qui éloigne ma profonde relation avec toi. Par le don de la Rédemption, que je vive une liberté authentique. Donne-moi la force de te suivre fidèlement, même à l’ombre de la croix. Déverse en moi ton Esprit de sorte que je puisse témoigner passionnément de la Bonne Nouvelle de ta victoire sur le péché et la mort. Qu’à la fin de ce pèlerinage terrestre je sois à jamais dans ton Royaume. Amen !
Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.

« Il y avait aussi des femmes (…) qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée (…) » (Mc 15, 41)

Marie-Madeleine a dû être touchée par Jésus qui prêchait de la barque. « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » (Mt 13, 9) Il parlait en paraboles sur la nécessité de cultiver son esprit pour entendre la Parole de Dieu. Son cœur, qui avait été couvert d’épines, découvrait maintenant comme il pouvait devenir fertile lorsqu’il se trouvait en présence du Messie. L’expulsion des démons n’avait été qu’un début. Je me demande si Marie-Madeleine se rendait compte comme sa vie allait changer lorsqu’elle a commencé à suivre Jésus en Galilée et finalement au pied de la croix à Jérusalem.
Le simple écrit de Marc nous donne une vraie leçon : « Il y avait aussi des femmes (…) qui suivaient Jésus et le servaient (…) » (Mc 15, 41) Les quelques mois où elle était occupée à servir Jésus ont suffi à faire d’elle une disciple fidèle. La profondeur de l’amitié et le dévouement ont remplacé le temps à ce moment-là. Alors qu’elle suivait Jésus, peut-être a-t-elle découvert le merveilleux don du génie féminin au service de cette nouvelle mission.
Des traditions diverses font une association entre Marie de Béthanie et Marie de Magdala, mais l’esprit féminin plein d’amour et de reconnaissance éclairent les deux Marie. Elle a peut-être découvert l’affront de Simon le pharisien lorsqu’ils prenaient un repas chez lui (Cf . Lc 7, 36-50). Il n’avait pas offert l’hospitalité traditionnelle, aussi Marie l’accomplit-elle. J’aime imaginer sa révérence attentionnée en lavant les pieds de Jésus de ses larmes et en répandant sur lui un parfum précieux.
Sa présence féminine parmi tous ces disciples masculins a peut-être ajouté une nouvelle « dynamique de famille » aux déplacements en Galilée, apportant une sensibilité féminine à ceux qu’ils y rencontraient. Son cœur de femme a dû saigner avant même qu’elle ne voit Jésus verser son sang sur la croix, simplement en percevant sa tristesse à l’approche de son heure, ou bien lorsqu’il prophétisait que le Fils de l’Homme devait être dénoncé et crucifié. En fin de compte son esprit ouvert a porté des fruits dans sa participation aux souffrances de Jésus sur la croix.
Marie-Madeleine prêche sans paroles, nous montrant quelle transformation et quel pouvoir de vie se manifestent en suivant Jésus. Mais pour suivre il nous faut des oreilles pour entendre et des yeux pour voir. Nous sommes invités à peser ses paroles sans précipitation ou distraction. Nous sommes invités à rester en sa présence par son Eucharistie. Nous sommes ceux qui sont bénis par l’approfondissement de notre connaissance et notre amitié avec Jésus. Marie n’a pas seulement suivi Jésus en marchant où il marchait. Elle l’a suivi dans la profondeur de son cœur, permettant à ses paroles et à sa présence de vivre en elle. Comme elle, nous pouvons adorer Jésus avec dévotion dans nos cœurs reconnaissants pour tout ce qu’il a fait pour nous, laissant sa vie porter du fruit en nous et par nous.
Seigneur Jésus, comme Marie-Madeleine, je désire te connaître plus profondément, pour mieux t’aimer et te suivre plus fidèlement. Rends-mois plus attentif à ta présence en ton Verbe, ton sacrement et ton action providentielle dans le monde. Que je te loue et t’adore dans ta sainte Eucharistie. Appelle tous les hommes à te connaître, t’aimer et te suivre, spécialement ceux qui n’ont jamais entendu tes paroles ou les ont rejetées. Permets que ceux qui se disent chrétiens arrivent à mieux te connaître et à témoigner par leur fidélité à une vie chrétienne authentique.
Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.

Jésus se commença à proclamer : ‘’Convertissez-vous, car le royaume des cieux est tout proche”. (Mt 4, 17)  

« Ensuite, il arriva que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources. » (Lc 8, 1-3)

Suivre Jésus peut apparaître comme un idéal romantique, jusqu’à ce que la nouveauté disparaisse. J’imagine qu’après un certain temps Marie-Madeleine a commencé à avoir des doutes sur le fait de continuer son chemin avec le Seigneur. Mais elle a continué. Son surnom « la Madeleine » a la même racine que le mot hébreu migdal, la tour, faisant allusion à la force et au courage qu’elle devait manifester pour continuer à persévérer à marcher avec Jésus.
Les Écritures témoignent du fait qu’elle faisait partie des femmes qui aidaient Jésus de leurs biens. Mais cela ne signifie pas qu’elle offrait à Jésus et ses disciples le confort de bonnes auberges tous les soirs. Jésus ne promettait pas un chemin confortable.

À ceux qui désiraient le suivre avec empressement, il a offert une réalité difficile : « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête » (Lc 9, 58) et « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. » (Lc 9, 23) Si cela ne suffisait pas pour l’effrayer, Jésus prévenait aussi qu’il y aurait souffrance et rejet de la part des autorités juives (Cf. Lc 9,22). Son invitation à s’engager ne s’adressait pas aux faibles. Il voulait que le « oui » de ses disciples soit un « oui » franc. « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. » (Lc 9, 62)
L’éclat de la première conversion a bien pu disparaître après de longs jours fatigants et poussiéreux à suivre Jésus de ville en ville, à voir les autorités mettre en doute les enseignements de Jésus, sans toujours comprendre ses manières d’agir. Mais la foi, la confiance et l’amour mûrissaient dans le creuset de purification.

Au départ Marie-Madeleine pensait qu’elle subvenait aux besoins de Jésus par ses ressources. Mais elle a vite compris qu’il n’y avait qu’une providence. Elle devait s’en tenir à la promesse de Jésus sur le Père des cieux qui pourvoyait toutes choses : « Ne vous souciez pas pour votre vie » proclamait Jésus leur assurant que leur Père du ciel savait ce dont ils avaient besoin (Mt 6, 25-32).

Jésus nous invite, non pas à une vie d’épreuves, mais à une amitié profonde, semblable à son amour, avec le Père et les autres, par sa volonté de donner sa vie. Il nous invite à entrer dans un nouveau royaume de pensée, compréhension, sentiment, croyance, confiance et amour. Il nous invite au Royaume des cieux. La clef en est une confiance d’enfant. Nous sommes appelés à offrir notre temps, nos trésors et nos talents, à chercher non pas la sécurité et la gloire, mais plutôt le Cœur du Christ, sans partage. Son programme de vie éternelle demande pauvreté d’esprit, douceur, miséricorde, pureté du cœur et persévérance même dans la persécution (Cf. Mt 6, 3-11). Il nous rappelle : « Cherchez d’abord son royaume et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît.» (Mt 6, 33)

Alors que nous marchons avec Jésus, nous recevons la même promesse que Marie entendit elle-même : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Mc 10, 29-30). 

Père céleste, j’ai confiance en vous. Apprenez-moi à marcher avec Jésus, en abandonnant toutes prétentions et sécurités afin de rechercher seulement le Royaume des cieux avec foi, confiance et amour. Aidez-moi à être solide dans mes engagements envers vous. Donnez à tous les pasteurs, religieux, consacrés et missionnaires la grâce de tout laisser pour marcher avec vous.

Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.

« Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. » (Jn 19, 25) 

Qu’est-ce qui habite le cœur d’une femme pour dépasser la peur et le respect humain alors qu’elle se tient au pied de la croix ? Non seulement de l’émotion mais surtout une forte conviction et de l’amour. Seul un amour authentique et fort accompagnait Marie-Madeleine dans sa détermination à être présente avec Jésus jusqu’au bout tandis qu’elle était noyée dans le chagrin, la confusion et la douleur. Respect, émerveillement et paix au lieu même de la Rédemption de l’humanité devraient attendre pour éclairer et comprendre le plan de Dieu. En observant la défiguration ensanglantée de son « Rabbouni » bien-aimé, l’horreur et la colère devant cette injustice nourrissaient sa décision de l’accompagner jusqu’au bout. Elle ne l’abandonnerait pas.              
     
Au pied de la croix, Marie-Madeleine a peut-être pu être inattentive à la présence de Jean et des autres femmes, mais le désir de rester solidaire de ses amis a certainement été stimulant. Des leçons secrètes peuvent avoir jailli de son cœur durant ces trois heures qui ont apporté la vie. Pendant qu’elle se tenait à côté de la mère de Jésus, « la Madeleine » a pu deviner ce qu’un réel amour pouvait endurer. L’amour d’une mère, l’amour de cette mère portait du fruit dans sa souffrance silencieuse et sa foi profonde, car elle, plus que personne, savait qui était son Fils. Des prophéties du Serviteur souffrant : « c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé » (Is 53, 5) ont peut-être soutenu son espérance en rappelant le verset triomphant : « Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. »  (Is 53, 11) Et la foi était nourrie par un cantique où la figure d’un messie, qui semble être abandonné de Dieu bien que juste et reconnu par les générations futures, est victorieux  (Cf. Ps 22).                

La vie chrétienne entraîne nécessairement de la souffrance. On peut dire, un chemin de purification. Durant ces moments, Marie-Madeleine nous encourage à rester fermes dans la foi, l’espérance et la charité au pied de la croix. Elle nous apprend que nous ne suivons pas seulement un Christ crucifié qui nous appelle à l’imiter et que nous ne sommes pas appelés à accepter passivement ce que nous ne pouvons pas contrôler. Elle nous apprend à entrer dans le mystère de la souffrance rédemptrice même lorsque les circonstances ne se déroulent pas selon notre logique.

En tant que chrétiens nous sommes appelés à voir au-delà de ce que la vie nous apporte et à découvrir que le Seigneur ouvre une voie pour élever l’âme par la foi, l’espérance et la charité à la béatitude. Il nous accueille dans le creuset de la purification afin de brûler ce qui s’oppose à la sainteté : l’égoïsme. Après avoir cheminé avec le Seigneur, en écoutant et tenant compte de sa Parole, en nous efforçant d’être des disciples fidèles, on pourrait bien penser mériter un trophée pour nos succès. Mais l’amour du Seigneur cherche à nous amener plus profondément dans son Cœur, en nous identifiant à son être « pour l’autre ». Il nous invite à entrer dans le mystère de son divin Cœur qui ne craint pas de souffrir par amour. Comme Marie-Madeleine, apprenons ceci à l’école de la croix de Jésus, de ses premiers disciples et de sa Mère.

Seigneur Jésus, tu nous invites à un amour plus profond en unissant nos souffrances à ta croix. Aide-nous à voir les souffrances de la vie par le cœur du Père qui désire nous amener par toi à la plénitude de vie. Aide tous ceux qui souffrent à te regarder en réalisant la beauté et la puissance rédemptrice de la vie offerte pour l’amour de l’autre. Aide-nous à rester fermes dans la foi, l’espérance et l’amour.

Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.

« À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus. » (Jn 19, 41-42)

J’imagine que Marie-Madeleine a passé ce premier Samedi Saint en pleine obscurité de la foi. La mort de Jésus apparaissait ignoble et ne donnait pas aux autorités une bonne impression de ses disciples. Mais l’idée de ce que pensaient les autres n’était pas son souci majeur. Jean et les femmes, avec l’aide de Nicodème et de Joseph d’Arimathie, avaient rapidement lavé et préparé le corps de Jésus pour l’enterrer car c’était un vendredi soir. Puis une attente impatiente a occupé tout le jour du sabbat qui fut loin d’être paisible car Marie attendait désespérément de revoir le Seigneur.

Comment a-t-elle passé ce long sabbat ? Des souvenirs de Jésus étaient présents en son cœur : son regard, ses paroles, son rire, son sérieux, ses réprimandes qui démasquaient l’hypocrisie, et ses douces invitations qui provoquaient un sens profond de liberté et de joie. Ces souvenirs rendaient son absence plus réelle, tant le confort de sa présence lui manquait. Elle semblait passer d’une attente proche du désespoir à une paix tranquille qui lui faisait croire que tout serait pour le mieux. Ce sentiment apaisait temporairement celui du vide qui l’emplissait. Elle ne voulait pas accepter l’absence de Jésus. Elle ne pouvait pas le laisser partir. Elle irait le chercher, même si ce n’était que pour accompagner sa dépouille.

Finalement, dès que les trois premières étoiles apparurent à l’horizon, signe d’un nouveau jour, Marie s’en alla vers le tombeau. Elle avait la ferme intention de voir le Seigneur et de l’oindre avec révérence, comme cela lui était dû. Imaginez un peu son étonnement en voyant la pierre du tombeau gisant à terre. Le jardin était abandonné et le tombeau vide, hélas ! Où était son Jésus ? Son chagrin envers la mort cruelle de Jésus s’intensifia devant la perte de son corps précieux. Dans sa confusion, il semblait qu’elle ne pouvait plus retrouver ses esprits et un grand désespoir troubla sa vision. Mais on connaît la fin de l’histoire. Elle n’eut qu’à attendre auprès du tombeau vide pour l’une des rencontres les plus « transformatrices » de sa vie, l’apparition du Seigneur ressuscité.

Nos moments de désespoir, de nuit et de confusion ne sont que temporaires dans cette vie. L’attitude essentielle à ces moments-là consiste à avoir un cœur qui réfléchit ; des souvenirs de meilleurs jours, de rencontres passées avec le Seigneur et sa promesse de récompense en cette vie et dans la prochaine soutiennent l’espoir. Ces souvenirs sont des signes du Seigneur, comme un phare. On trouve la façon de naviguer dans une nuit sans lune ni étoiles, en maintenant la direction espérant le retrouver.

Alors qu’il semble absent, le Seigneur fait des merveilles dans ces précieuses âmes bien-aimées. L’ancienne liturgie du Samedi Saint rappelle la descente de Jésus aux enfers, où il prêche la Bonne Nouvelle de son triomphe sur le péché et la mort, déliant tous ceux qui attendaient depuis Adam et Ève. L’auteur de la vie descend dans les ténèbres pour y apporter la lumière et le salut (Cf. CEC 633-635).

Dans la vie spirituelle le Christ nous appelle à une transformation plus profonde et à une conversion du cœur. La longue attente du sabbat et l’expérience du tombeau vide sont la façon dont Dieu nous introduit au miracle pascal. L’attente douloureuse donne naissance au don de l’espérance qui nous soutient dans le vide qui semble sombre et vacant. Mais ce vide et cette obscurité bruissent de la présence cachée du Christ. Alors que nous attendons patiemment, le Seigneur œuvre. L’espérance nous place en présence de celui que nous désirons et nous donne un avant-goût du salut qui sera le nôtre si nous persévérons. « Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. » (Rm 8, 24) 

Seigneur Jésus, donne-nous une espérance sans faille pour nous soutenir dans notre recherche patiente et inébranlable de ta présence avant tout. Donne ton soutien à ceux qui marchent avec fidélité, même dans les ténèbres. Fais miséricorde et délie les âmes du purgatoire afin qu’elles puissent pleinement reposer en ta présence. Console ceux qui ont perdu leurs bien-aimés, dans l’espoir de réunion dans la vie éternelle en communion avec vous, le Père et l’Esprit Saint. Amen

Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.

« Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. Jésus lui dit alors : Marie ! S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : Rabbouni ! c’est-à-dire : Maître. Jésus reprend : Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jn 20, 15-17

Le long chemin de conversion de Marie-Madeleine, la période où elle suivait Jésus, sa souffrance au pied de la croix, son attente du Seigneur au milieu des ténèbres culminent au moment de la révélation inattendue du Seigneur. À première vue, Marie-Madeleine aperçoit un jardinier à la place de Jésus ; il est l’intendant de tous les dons de Dieu dans nos âmes. C’est aussi le bon Pasteur qui sera bientôt reconnu lorsqu’il prononce son nom « Marie ». Entendre son nom de la part de Jésus produit des merveilles en elle. Son chagrin se transforme en joie. Pour elle il était perdu et maintenant il est retrouvé. Elle n’ose pas le perdre à nouveau. Elle se jette à ses pieds, s’accroche. Elle ne peut croire à cette bonne nouvelle.

Mais Jésus a d’autres plans pour elle. « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jn 20, 17) Voilà un nouveau défi pour Marie-Madeleine. Il lui faut trouver une nouvelle façon de rejoindre son Rabbouni. Elle ne le verra plus en chair mais par la foi. Elle ne l’entendra plus physiquement mais en esprit. Il doit aller vers son Père, complétant le don du salut pour lequel il est venu, pour ramener l’humanité à la communion avec le Père.

Peut-être les paroles de Jésus n’ont-elles pas porté de fruit immédiatement avec le choc de cette nouvelle révélation. Peut-être Marie-Madeleine, qui semblait impulsive dans ses émotions, a-t-elle dû apprendre de la Mère de Jésus comment comprendre les paroles de Jésus en son cœur. Comprendre, elle le réussit, puisque la révélation de Jésus revint aux oreilles de Jean qui l’a préservée pour les générations à venir. « Je monte vers mon Père et votre Père. » Marie, dans sa nouvelle relation avec Jésus, découvre qu’elle n’est pas abandonnée et elle acquiert un lien plus profond avec le Père. Ses fondations semblent ébranlées, mais elle se tient fermement dans son identité de fille d’un Père aimant.

Comme Marie, se donner à l’amour du Christ nous emporte dans la nuée obscure du mystère pascal où nous découvrons ce que signifie se convertir, s’abandonner et accompagner Jésus dans son parcours en Galilée jusqu’au pied de la croix à Jérusalem.  Il peut nous faire attendre dans le silence de ce sabbat, indécis face au tombeau vide, mais il nous récompense aussi par le don de lui-même grâce à une foi, une espérance et une charité plus profondes. Le fruit de la persévérance sur ce chemin se trouve dans la joie de trouver notre place dans la famille de Dieu. Nous découvrons notre identité de fils et filles d’un Père providentiel et d’amis bien-aimés du Berger de nos âmes.

Seigneur Jésus, ouvre les yeux et les oreilles de nos cœurs pour reconnaître ta présence et ta voix dans nos vies de tous les jours. Merci de ton don de salut et de la grâce d’être accueillis pleinement par notre Père du ciel. Permets que nous soyons persévérants sur le chemin pour te connaître, te suivre et t’aimer. Aide-nous à vivre selon notre identité d’enfant bien-aimé de Dieu. Aide tous ceux d’entre nous qui luttent dans la foi, qui craignent de se donner plus complètement et qui sont épuisés par le chemin.

Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.

« Marie-Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples: J’ai vu le Seigneur ! et elle raconta ce qu’il lui avait dit.» (Jn 20, 18)

Marie-Madeleine se précipite pour apporter la nouvelle « à ses frères ». Une réponse si prompte à l’appel de Jésus pour cette mission provient d’un élan profond, rappelant la profession de saint Paul : « L’amour du Christ nous saisit » (2 Cor 5, 14). Avant que Paul n’ait prononcé ces paroles, Marie Madeleine les avait personnifiées. Elle est allée vers les disciples et elle a déclaré : « J’ai vu le Seigneur ! » « Mais ces propos leur semblèrent délirants. » (Lc 24, 11). Le simple fait de partager la bonne nouvelle était mal reçu par beaucoup. Peut-être l’apôtre des apôtres a-t-elle été consolée par les quelques-uns qui ont cru. Jean et la mère de Jésus ont peut-être été un réconfort pour elle, l’encourageant à partager la bonne nouvelle.

Par la venue de Jésus Christ, le Royaume de Dieu était en germe parmi les premiers croyants. Après la Résurrection, l’Église primitive restait un petit noyau, réfléchissant aux mystères qui venaient de se produire. Ils attendaient avec anticipation la venue de l’Esprit annoncé. Marie n’allait pas manquer ce don que l’Esprit répandait à profusion sur ce petit groupe et sur beaucoup d’autres qui allaient devenir les disciples de Jésus.

Ils découvrirent vite que le Royaume de Dieu avait des limites qui se définissaient par l’acceptation de Jésus dans la vie de chaque personne et la communion qui les liait tous ensemble à Pierre à qui Jésus avait confié les clefs. Les disciples étaient chargés d’aller vers toutes les nations pour y faire des disciples (Cf. Mt 28, 19). Marie-Madeleine continue dans cet esprit et accompagne Jésus et les disciples, jouant son rôle dans la construction du Royaume.

Les histoires traditionnelles des aventures de Marie-Madeleine après la Résurrection de Jésus jettent un éclairage sur son zèle missionnaire. L’incrédulité face à la Bonne Nouvelle ne l’arrête pas. Elle est allée jusqu’à Rome pour parler à César lui-même. Elle a prêché la Bonne Nouvelle dans la cour romaine. La providence l’a entraînée jusqu’en France méridionale lors des premières persécutions chrétiennes. Sur les lieux mêmes du paganisme elle a courageusement enseigné un seul Dieu et Jésus-Christ, le Fils de Dieu qui se fit chair pour sauver tous les hommes. Ces traditions contiennent l’essence de Marie-Madeleine dans l’Écriture Sainte où elle montre du courage par son témoignage aux chefs du peuple. Certains se sont moqués d’elle. D’autres ont tenu compte du message, se sont convertis et sont devenus des disciples partout où elle allait.

Ce qui a d’abord été un élan d’amour a ensuite été éprouvé et s’est façonné modelé en vertu, imprégnée d’un esprit de courage et de générosité. Marie-Madeleine se formait continuellement par la grâce divine et par les circonstances de la vie. N’en faisons-nous pas nous-mêmes l’expérience ? Malgré tous les plans et stratégies que nous échafaudons, malgré nos tentatives d’agir avec astuce pour la nouvelle évangélisation, l’Esprit Saint bâtit le Royaume en acceptant ou rejetant nos efforts à partager la Bonne Nouvelle. Notre mission consiste à être dociles à l’Esprit et à permettre au souffle de notre force d’âme de nous mener aux quatre coins de notre monde qui a tant besoin du message de Rédemption et de l’extension du Royaume de Dieu.

Seigneur Jésus, fais de nous de courageux disciples missionnaires afin que la Bonne Nouvelle atteigne les cœurs de ceux qui ont besoin de ta grâce rédemptrice. Rends-nous dociles à tes inspirations et avisés dans notre tâche d’évangélisation. Guide-nous dans nos efforts pour multiplier les disciples pleins de foi et donne de la force à tous ceux qui se dévouent complètement à te servir, afin de régner dans tous les cœurs et que ton Royaume s’étende jusqu’au bout du monde.

Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.

Conclusion

Les saints sont des personnes ordinaires qui s’ouvrent à l’action extraordinaire de Dieu. Ils découvrent une liberté intérieure à aimer Dieu et les autres en se laissant aimer au milieu des turpitudes de la vie. Ils n’attendent pas les circonstances idéales, mais vivent leur humanité avec le cœur empli de grâce. Ils acceptent l’invitation d’entrer dans la dynamique de la vie chrétienne qui, à son tour, les immerge dans le mystère pascal du Christ sous tous ses aspects.

L’image de Marie-Madeleine à la Pentecôte montre des signes de cette dynamique. La nouvelle image, créée par Danielle Storey, révèle la beauté de sa transformation à la Pentecôte. Marie-Madeleine nous rappelle que par notre création même nous possédons une dignité ; cependant notre nature blessée a besoin de rédemption et les circonstances de la vie peuvent nous déstabiliser. Jésus s’avance dans le chaos de nos vies pour restaurer ce qui était perdu et pour s’unir lui-même, l’époux, à sa bien-aimée. La bien-aimée est l’Église, à laquelle toute personne est appelée à appartenir. Dans un sens mystique nous sommes tous appelés à être cette épouse, en acceptant l’invitation aimante de l’époux. C’est une invitation à une intimité plus profonde, à une participation à sa mission, à aimer comme il nous a aimés. Nous devons être prêts, la lampe allumée.

Marie tient deux objets trouvés sur le site de l’ancienne Magdala. La lampe à huile de type hérodien représente son amour passionné pour Jésus qui l’entraîne à porter la lumière du Christ au monde. Le petit vase était utilisé pour les onguents, les baumes ou le parfum, représentant son génie féminin qui agit en agent de guérison dans le monde. Marie-Madeleine regarde au loin prête à agir, une flamme surmontant sa tête pour représenter les dons de l’Esprit Saint qui la consacre pour l’envoyer en mission.

Les cœurs et les rosettes sur son vêtement sont les symboles réels découverts sur une table de pierre au centre d’une synagogue, mise à jour en 2009, dans l’ancienne Magdala. Une rosette se trouve au centre de la pierre représentant le voile devant le Saint des Saints. Les cœurs se trouvant sur Marie-Madeleine représentent l’amour ardent qui la contraint à partager la Bonne Nouvelle. La rosette symbolise le mystère de la présence de Dieu que voile son humanité, nous rappelant que nous-mêmes portons le Seigneur dans des vases fragiles. Par la grâce, Dieu habite en nous de façon intime et désire que nous le fassions connaître aux autres.

Créons des liens d’amitié avec Marie-Madeleine et demandons-lui de partager les biens spirituels qu’elle a reçus du Seigneur, afin que nous répondions plus complètement à l’appel à la conversion, accompagnant Jésus quelles qu’en soient les circonstances, en étant des disciples missionnaires emplis d’un amour ardent pour le Seigneur.

La neuvaine en version anglaise est disponible ici
Jennifer Ristine a également publié, en anglais, le livre Mary Magdalene – Insights from ancient Magdala

Vidéo inspirée de la neuvaine de Jennifer Ristine. Images : Danielle Storey Chant : Magda Szcuka Video : NonStopART by Trio Tree