Marie se leva et partit en hâte (JMJ)
Le pape nous invite tous à nous lever, comme Marie
Si pour certains de nos lecteurs l’acronyme JMJ n’évoque pas seulement de profonds souvenirs mais ramène à la lumière une expérience du Christ et de l’Église inoubliable, pour d’autres, ceux parmi les moins jeunes, c’est de toute évidence un signe qui appelle à l’action de grâce. Ceux-ci, en effet, n’ont pas pu vibrer avec ces millions de jeunes (dont font partie leurs enfants et leurs petits-enfants) au son des cantiques, de la louange et de la joie d’une foi partagée, mais ils ont constaté les fruits d’un évènement devenu désormais incontournable.
C’est toute une génération qui a émergé à travers ces rencontres. Elle a fait grandir dans le cœur des jeunes la joie de l’Évangile, la fierté d’être chrétien et la conscience de la catholicité. Cet été, nous aurons de nouveau l’occasion de nous réjouir avec les jeunes qui partiront à Lisbonne. Préparons-nous à vivre cet évènement, de près ou de loin, en approfondissant le message du pape François aux jeunes : « Marie se leva et partit en hâte. » (Lc 1, 39)
Marie se leva…
Marie vient de recevoir une nouvelle des plus bouleversantes. L’annonce de l’ange Gabriel ne vient pas simplement bousculer ses plans mais sa condition même. N’aurait-elle pas eu besoin de s’asseoir, de souffler et de réfléchir à ce que l’ange lui a annoncé ? Cependant, elle renonce à ce confort. Marie se lève et part. Elle sort de sa maison et de ses points de repère. Et si nous nous étonnons autant de l’attitude de Marie c’est parce que, elle, contrairement à nous, a su écouter la voix de Dieu. Nonobstant le « séisme » qu’a provoqué la nouvelle de sa maternité, elle a compris l’invitation de l’ange à porter son aide à sa cousine Élisabeth.
Marie est la femme de l’écoute profonde et attentive. Grâce à ce don, elle sait précisément ce qu’il est bon de faire. Elle n’a qu’à écouter son cœur, car celui-ci est plus tourné vers Dieu que vers ses propres besoins. « Marie devient temple de Dieu, image de l’Église en chemin, de l’Église qui sort et se met au service, de l’Église porteuse de la Bonne Nouvelle » car elle a su écouter le messager divin (message du pape François pour les 37e Journées mondiales de la Jeunesse, 15 août 2022)
Cette manière d’agir est un exemple de la prudence authentique que nous sommes appelés à vivre dans notre foi chrétienne : en effet, la prudence n’a rien à voir avec l’hésitation à agir dans des situations complexes. La prudence au contraire encourage à agir avec détermination de manière ajustée. Ainsi, Marie agit prudemment lorsqu’elle décide de se lever aussitôt pour apporter son aide à Élisabeth. Elle a l’intelligence de la situation pour comprendre que son aide serait un bien qu’elle seule pouvait apporter.
…et partit en hâte
Pour cette raison, la hâte de Marie n’a rien à voir avec la précipitation. Se hâter ne fait pas nécessairement référence à la vitesse de l’action. Ce verbe peut aussi signifier l’intensité avec laquelle nous réalisons une action, car le bien que nous voyons nous presse, selon cette parole de Paul : « Caritas Christi urget nos », la charité du Christ nous presse ! C’est une force intérieure qui comprime notre cœur pour qu’il se donne jusqu’à la dernière goutte. Ainsi, Marie partit en hâte. Dans son message, le pape François reprend à son compte cette lecture de saint Ambroise : Marie partit « parce qu’elle était heureuse de la promesse et désireuse d’accomplir un service avec dévotion, avec l’élan qui lui venait de la joie intime. Où, remplie de Dieu, pourrait-elle à présent se hâter, sinon vers les hauteurs ? La grâce du Saint-Esprit ne souffre pas de lenteur ».
Son esprit de discernement lui fait comprendre l’urgence de la situation. Élisabeth en est au sixième mois. Il n’y a plus de temps à perdre : il faut compter le temps de déplacement, trouver une caravane, réunir le nécessaire. Bref, le temps est compté et elle sait qu’il faut qu’elle s’y rende. Cette hâte prouve la fermeté de sa conviction, basée sur un discernement solide. Le cœur droit de Marie ne vacille pas dans des calculs et des tergiversations.
La nouvelle que lui apporte l’ange, « voici que ta parente est enceinte », comporte une preuve qui est bien plus qu’un élément pour fortifier sa foi. Elle n’a pas le temps de vérifier cette preuve, alors que la réponse qu’elle doit donner à Gabriel dépend de sa foi. Le pape continue aussi de cette manière : « Marie s’est laissé interpeller par le besoin de sa cousine âgée. Elle ne s’est pas dérobée, elle n’est pas restée indifférente. Elle a pensé plus aux autres qu’à elle-même. Et cela a donné du dynamisme et de l’enthousiasme à sa vie. »
Théologie de la rencontre
Dans ce passage de l’Évangile, nous retrouvons une idée fondatrice des deux derniers pontificats : la théologie de la rencontre. Benoît XVI l’a surtout vécu sur le plan intellectuel et le pape François l’incarne à travers des rencontres hétéroclites. L’un et l’autre se sont levés et sont allés en hâte à la rencontre des autres ; ceux de l’intérieur de l’Église, mais qui étaient loin, et ceux de l’extérieur, qui ne sont parfois pas si loin. Leur attitude fondamentale s’enracine sur le fait que l’autre – celui qui est différent de moi – n’est pas un ennemi ou un danger.
C’est un frère qui a besoin d’écouter la Bonne Nouvelle ; qui a besoin d’entendre la vérité ; qui a besoin qu’on lui dise qu’il est aimé de Dieu. Tous les deux ont vécu cette théologie de l’accueil avec la même hâte que Marie, avec le même sentiment d’urgence qui habitait le cœur de Paul : « annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! »
C’est ainsi que le pape François encourage les jeunes à sortir d’eux-mêmes pour vivre de manière très concrète cette théologie de la rencontre. Il poursuit ainsi dans son message : « une bonne hâte nous pousse toujours vers le haut et vers l’autre ». Lorsque cela ne nous tire ni vers le haut, ni ne nous pousse vers l’autre, alors c’est que nous sommes encore enfermés en nous-mêmes. « Cela peut se produire dans les relations interpersonnelles : en famille, lorsque nous n’écoutons jamais vraiment les autres et ne leur consacrons pas de temps ; dans les amitiés, lorsque nous attendons d’un ami qu’il nous divertisse et réponde à nos exigences, mais que nous évitons pour aller vers un autre si nous voyons qu’il est en crise et qu’il a besoin de nous. »
Inscrits ou non aux JMJ, ce message est pour tous. La peur de l’autre peut nous effrayer et même nous sidérer. Le temps aussi peut nous ôter des forces. Il se peut que nous soyons figés dans un éternel passé confortable de relations établies et lisses. Levons-nous et, en hâte, osons raconter aux hommes les merveilles que Dieu fit pour nous.
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