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« Les Béatitudes énoncent ce que signifie être disciple* »

(*J. Ratzinger, Jésus de Nazareth)

Lundi 1er novembre 2021 

Tous les saints

Couleur liturgique : blanc

Évangile selon saint Matthieu 5, 1-12a

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Prière
Saints et saintes, aidez-moi à écouter le Seigneur Jésus pour qu’il forme en moi son disciple, comme vous.

Prière

Saints et saintes, aidez-moi à écouter le Seigneur Jésus pour qu’il forme en moi son disciple, comme vous.

Demande

Que je croie en ton amour pour moi, Seigneur !

Réflexion

Benoît XVI nous accompagne dans cette méditation grâce à sa réflexion et à sa contemplation évangélique dont il nous fait part dans son livre Jésus de Nazareth (Éd. Flammarion, Paris 2007).

  1. « En lisant attentivement le texte, on se rend compte que les Béatitudes constituent de manière voilée une biographie intérieure de Jésus, un portrait de sa personne. Lui qui n’a pas d’endroit où reposer sa tête (cf. Mt 8, 20) est le vrai pauvre, lui qui peut dire de lui-même ‘’devenez mes disciples car je suis doux et humble de cœur’’ (Mt 11, 29), est véritablement doux ; il est le véritable cœur pur qui de ce fait contemple Dieu en permanence. Il est l’artisan de paix, il est celui qui souffre par amour de Dieu. Les Béatitudes révèlent le mystère du Christ lui-même, elles nous appellent à entrer dans la communion avec le Christ. » (J. Ratzinger, Jésus de Nazareth, p. 95)
    Les Béatitudes nous appellent à entrer dans le Royaume des cieux, à recevoir ce Royaume qui nous est donné. Ce Royaume se traduirait mieux par un verbe au gérondif parce que ce n’est pas une réalité statique mais un dynamisme. Le mot Règne ou souveraineté, dans le sens d’exercice du pouvoir, ou « seigneurie » (Jésus de Nazareth, p. 86) pourrait être une traduction qui aide à mieux comprendre cette réalité. Comme l’explique Benoît XVI, le Royaume de Dieu, c’est Jésus lui-même (Jésus de Nazareth, p. 81).
  2. « Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu. » (deuxième lecture du jour)
    Ce Royaume de Dieu nous est donné parce que Jésus-Christ lui-même nous est donné. Cela veut dire que si nous recevons le Fils de Dieu qui s’est fait homme pour que l’homme soit Dieu, il fait de nous des fils de Dieu. Et ce, dès maintenant : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. » (deuxième lecture)
    C’est finalement une invitation à croire en l’amour que Dieu a pour chacun de nous, à être un « homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles » (psaume du jour). À la racine de notre péché – étymologiquement, péché veut dire manquer la cible – il y a le fait de ne pas croire vraiment en l’amour que Dieu a pour moi. Alors je laisse croître en moi la mauvaise herbe (cf. Mt 13, 26) des insécurités, des peurs, des doutes, je cherche d’autres « dieux », d’autres amours que je voudrais immortels.
  3. « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. » (deuxième lecture du jour)
    Nous ne savons pas encore ce que sera notre vie et notre éternité. Mais regardons nos grands frères et sœurs, je veux dire par là les saints, cette « foule immense […] vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main » (première lecture), dont nous célébrons aujourd’hui, en cette fête, la victoire ! Regardons-les parce qu’ils nous montrent un chemin vers le ciel.
    Comme le décrit le théologien allemand : « Les paradoxes que Jésus présente dans les Béatitudes expriment la vraie situation du croyant dans le monde, […] expérience de vie et de souffrance d’apôtre : ‘’On nous traite de menteurs, et nous disons la vérité ; de gens obscurs, et nous sommes très connus ; on nous croit mourants, et nous sommes bien vivants ; on nous punit, mais sans nous faire mourir ; on nous croit tristes, et nous sommes toujours joyeux ; pauvres, et nous faisons tant de riches ; démunis de tout, et nous possédons tout.’’ (2 Co 6, 8-10). ‘’À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés ; nous sommes désorientés, mais non pas désemparés ; nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés ; terrassés, mais non pas anéantis… ‘’ (2 Co 4, 8-10). […] Et pourtant, il fait l’expérience d’une joie infinie. Précisément comme celui qui est à la merci de tous, qui s’est dépouillé de lui-même pour apporter le Christ aux hommes, il fait l’expérience du lien intime entre la croix et la résurrection : nous sommes livrés à la mort ‘’afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre existence mortelle’’ (2 Co 4, 11). Dans ses envoyés, le Christ continue de souffrir, sa place est toujours sur la croix. Mais il est cependant de façon irrévocable le Ressuscité. Et même si l’envoyé de Jésus dans ce monde continue de vivre la Passion de Jésus, la splendeur de la résurrection s’y fait sentir, elle est la source d’une joie, d’une Béatitude plus fortes que le bonheur qu’il a pu éprouver auparavant dans son cheminement dans le monde. À présent, et à présent seulement, il sait ce qu’est réellement le bonheur, ce qu’est la vraie Béatitude, et il découvre du même coup l’indigence de ce qui, selon les critères habituels, est considéré comme satisfaction et bonheur. » (Jésus de Nazareth, p. 93-94)
    « De Paul à François d’Assise, jusqu’à mère Teresa, les saints ont vécu cette option, nous montrant ainsi quelle était la juste image de l’homme et de son bonheur. En résumé, l’amour est la vraie ‘’morale’’ du christianisme. Ce dernier s’oppose bien sûr à l’égoïsme, il est un exode de soi-même, et c’est précisément ainsi que l’homme vient à lui-même. » (Jésus de Nazareth, p. 120-121)

Dialogue avec le Christ

Merci, Jésus, parce que tu viens à moi pour me faire le don d’être fils de Dieu !

Résolution

Découvrir en quelles circonstances je ne crois pas à l’amour que Dieu a pour moi et voir comment je pourrais les vivre en tant que fils aimé du Père.

Anne-Marie Terrenoir, consacrée de Regnum Christi
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Méditations : Regnum Christi
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