Le postulat et le regroupement des noviciats en Europe
nouvelles formes d’accompagnement vocationnel des Légionnaires du Christ
Ces dernières années, l’Europe comptait trois noviciats des Légionnaires du Christ en Allemagne, en Italie et en Espagne. À partir de cet automne, les trois noviciats seront regroupés en un seul, qui ouvrira ses portes à Madrid. Par ailleurs, en mettant en place de nouveaux critères de formation, la congrégation s’ouvre à de nouvelles formes d’accompagnement, comme le postulat, période de discernement de plusieurs mois, qui précédera le noviciat. Pour aborder ces changements, nous nous sommes entretenus avec plusieurs personnes responsables de la formation sacerdotale et religieuse au sein de la congrégation, notamment le P. Gerardo Flores, LC, responsable des centres des vocations et des noviciats de la Direction générale, le P. Konstantin Ballestrem, LC, jusqu’à présent maître des novices en Allemagne, le P. Sylvester Heereman, LC, responsable de la promotion des vocations en Allemagne, et le P. Nikolaus Klemeyer, LC, futur formateur des novices à Madrid.
Proximité avec la famille Regnum Christi et ses apostolats
Le P. Gerardo explique que cette décision d’unifier les trois noviciats européens vise à « offrir aux jeunes hommes qui demandent à être admis au noviciat une communauté plus large qui contribuera à un environnement de formation dont les novices ont besoin dans cette première et cruciale étape. » En outre, « cela nous donnera la possibilité de leur offrir l’accompagnement d’une équipe qualifiée de formateurs, dans un noviciat qui, en raison de sa proximité avec la ville de Madrid, pourra leur faire vivre l’expérience de toute la famille Regnum Christi », puisque dans cette localité se trouvent des jeunes et des adultes, ainsi que différentes œuvres apostoliques, des écoles et une université.
Apporter une atmosphère d’universalité au noviciat
Le nouveau maître des novices à Madrid sera le P. Nikolaus Klemeyer, LC. Au cours de son engagement sacerdotal, il a vécu une grande variété d’expériences apostoliques et culturelles, dont plusieurs années de noviciat en Allemagne et en Espagne, et a occupé des fonctions auprès d’étudiants universitaires au Mexique. De son expérience, il dit espérer « pouvoir susciter chez ces jeunes le désir de trouver le bonheur et l’épanouissement dans la beauté de la vocation légionnaire ». Pour lui, l’unification des trois noviciats renvoie au « renouveau et à l’évangélisation de l’Europe, un continent proclamé par saint Jean-Paul II comme terre de mission, remarquable par son sens ecclésiastique et son ouverture à la diversité des cultures qui habitent l’Église catholique. »
Dans notre société mondialisée, « les jeunes ont de plus en plus le sentiment d’appartenir au monde entier plutôt qu’à un pays spécifique. Apporter cette atmosphère de catholicité au noviciat, partie essentielle de la vocation de Regnum Christi et des Légionnaires du Christ, je crois que cela peut être une grande contribution à la formation et aussi à la promotion des vocations. »
Et dans ce contexte, le P. Nikolaus souligne : « J’ai été agréablement surpris au Mexique par l’enthousiasme des jeunes à ne pas se contenter de se lamenter sur le monde et sur ses changements constants. » Il souligne notamment qu’« il existe un désir de dialogue pour offrir un chemin de bonheur authentique et d’épanouissement profond dans la vie. La vocation religieuse et sacerdotale part, en quelque sorte, de l’invitation de Dieu, en canalisant ce désir dans un chemin concret. L’attrait pour une vie donnée à Dieu de manière « radicale » et en communauté, qui veut se consacrer à porter le message du Christ au monde, est encore très présent chez les jeunes. »
Changements dans le processus de formation des Légionnaires du Christ
Cette unification des noviciats n’est pas la seule nouveauté. Une période d’environ neuf mois appelée postulat sera bientôt mise en place. Le P. Konstantin Ballestrem, LC, qui a été maître de novices en Allemagne pendant onze ans, partage avec nous une raison tirée de son expérience et du temps qui passe : « Au cours des 25 années écoulées depuis ma propre formation, beaucoup de choses ont changé, également dans la culture de notre société qui forme les jeunes. Par exemple, les jeunes hommes réfléchissent plus longtemps pour savoir s’ils veulent vraiment entrer dans un ordre religieux, s’ils veulent s’engager pour toujours pour suivre les trois conseils évangéliques et, s’ils le peuvent, s’ils resteront fidèles. C’est un point qui a été soulevé à maintes reprises. » En outre, chez les jeunes d’aujourd’hui, il y a « des zones de leur âme et de leur cœur qui n’ont pas encore mûri ou ne sont pas guéries. »
À cela s’ajoute le fait que, dans la congrégation elle-même, « il y a eu plusieurs changements dans notre formation sacerdotale ces dernières années ». Le P. Konstantin précise : « Surtout, elle est devenue plus personnelle. Les méthodes ont été revues, ce qui exige précisément plus de discernement de la part du maître des novices, mais qui est aussi devenu plus éprouvant sur le plan humain. » Et à titre d’exemple, il souligne que « l’accent est mis sur leurs propres convictions, qui doit produire de bonnes et profondes habitudes ; il faut continuer à les former dans tous les domaines de la vie religieuse et sacerdotale. »
Une expérience plus large avant le noviciat
À tout cela s’ajoute le fait que la candidature des Légionnaires du Christ, formation préalable à l’entrée au noviciat, « a traditionnellement été très courte – deux mois – mais le noviciat dure deux ans. » Cette disparité des temps de formation l’amène à réfléchir sur le fait de vivre « un temps avant celui où les jeunes peuvent vivre dans une communauté d’apostolat, par exemple ». Les jeunes devraient « faire une expérience concrète dans une communauté apostolique de religieux et de prêtres dans nos maisons d’apôtres, être accompagnés dans un ministère pastoral et une vie de prière et avoir un goût pratique de la vie religieuse. » En plus de cette expérience, les jeunes pourront avoir « une vie de prière régulière, recevoir un accompagnement spirituel assidu et une aide au discernement vocationnel ». Pendant cette période, les jeunes peuvent également poursuivre leurs études ou travailler dans le domaine de l’apostolat. C’est ce qu’on appelle, dans la vie religieuse, un temps de postulat.
Le P. Sylvester Heereman, LC, responsable de la pastorale des vocations en Allemagne, développe un point central : « Nous devons nous demander sans cesse si nous aidons les jeunes à trouver la profondeur et la liberté d’une vie de disciple de Jésus-Christ et à faire l’expérience de la communauté dans la foi. »
Jusqu’à présent, les Légionnaires du Christ ont offert aux jeunes hommes envisageant une vocation sacerdotale une activité pastorale avec eux. Il y a aussi le petit séminaire et la possibilité d’être volontaire dans une œuvre apostolique, « mais le l’entrée au noviciat signifie une profonde coupure. Le novice vit alors un style de vie complètement nouveau. Il doit y être préparé progressivement car il ne correspond pas tout à fait à la vie ultérieure de prêtre, très active et qui implique une importante collaboration avec des consacrées et des laïcs. » En revanche, loin de cette expérience apostolique, « un noviciat, poursuit le P. Sylvester, a un caractère plus monastique car il est censé fournir une expérience de désert qui peut vraiment tester la vocation. »
Postulat
Reprenant l’idée du postulat, le P. Sylvester explique qu’il « durera environ neuf mois pendant laquelle les personnes intéressées pourront vivre dans l’une de nos maisons d’apôtres, par exemple. Ils pourront ainsi découvrir une communauté active de Légionnaires du Christ et faire l’expérience de la vie réelle d’un légionnaire, objectif final de la formation. Mais les postulants conserveront toujours leur état laïc, sans discipline religieuse et sans renoncer à un contact régulier avec leur propre environnement. » Certainement, « le postulat aura sa propre forme, avec plus de temps de prière, de collaboration dans l’apostolat, de temps pour étudier des sujets liés à la vocation, des expériences particulières comme des voyages apostoliques, la découverte de communautés d’autres pays, car nous sommes très internationaux. Bien entendu, l’accompagnement régulier joue également un rôle important pour aborder la question de la vocation. » Après cette expérience, les jeunes hommes « pourront entrer au noviciat avec une base solide et un sentiment de quiétude intérieure ».
« Ce n’est que dans ce terreau que l’invitation du Seigneur à une forme particulière de postulat dans la vie consacrée et, éventuellement, dans le ministère sacerdotal, peut être reconnue comme un don, apprécié et librement choisi », conclut le P. Sylvester.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec le P. Konstantin Ballestrem et le P. Sylvester Heereman en suivant ce lien.