« Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main »
Jeudi 28 avril 2022
Saint Pierre Chanel, prêtre et martyr ; saint Louis-Marie Grignion de Montfort, prêtre
Couleur liturgique : blanc
Évangile selon saint Jean 3, 31-36
« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai. En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »
Prière
« Ô Toi l’au-delà de tout, comment t’appeler d’un autre nom ? Quelle hymne peut te chanter ? Aucun mot ne t’exprime. Quel esprit te saisir ? Nulle intelligence ne te conçoit. (…) Tous les êtres te célèbrent, ceux qui parlent et ceux qui sont muets. Tous les êtres te rendent hommage, ceux qui pensent comme ceux qui ne pensent pas. (…) Tout ce qui existe te prie et vers toi tout être qui sait lire ton univers fait monter un hymne de silence. Tout ce qui demeure, demeure en toi seul. (…) » (Saint Grégoire de Naziance, Dieu et ses poètes, Pierre Haïat, Desclée de Brouwer, 1987)
Demande
Seigneur, que nous acceptions un peu plus nos limites pour accueillir celui qui est au-delà de tout.
Réflexion
C’est un texte un peu cryptique, et il est fait pour l’être. Le premier point de cette méditation cherche quelques clés de lecture pour situer le texte, et les deux autres proposent des réflexions spirituelles sur le sens de ces versets.
- L’évangéliste place ce texte comme le dernier témoignage de Jean le Baptiste. Il parle explicitement de la Trinité, on peut donc supposer que c’est la communauté de Jean l’évangéliste qui parle par la bouche de Jean le Baptiste pour nous présenter les conditions de la rencontre avec Jésus-Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme.
Il commence en nous disant que nous sommes désavantagés. Le Christ vient d’en haut, il ne peut être compris que par des êtres spirituels. Or nous sommes des hommes, de la terre : des êtres matériels. Comment comprendre ce Christ que nous désirons connaître ?
Avec ce positionnement, Jean rejoint des pseudo-chrétiens de l’époque, les gnostiques. Ils se demandent aussi comment dépasser ce corps matériel qui les contraignaient pour n’être que spirituels. Au fond, leur intérêt n’est pas la connaissance du Christ. Ils veulent dépasser leur pauvre humanité pour atteindre la promesse de Satan au jardin d’Éden : « Vous serez comme des dieux ». En fait, en dépassant leur matérialité, ils veulent dépasser Dieu.
Jean commence au même point de départ (le matériel et le spirituel) mais il change le but de la requête, et il change ses conditions. Pour lui, le but n’est pas de se défaire de l’humus. Au contraire, « celui qui vient d’en haut », le Christ, nous parle avec des fragiles paroles humaines qui témoignent de son Père, le seul vrai Dieu. Le but est de l’entendre. Alors la condition du salut n’est plus de se séparer du corps et de ses limites. Elle est, plutôt, d’accueillir le Christ, vrai Dieu et vrai homme dans notre humanité. - Le gnosticisme n’est pas une affaire du premier siècle. Il subsiste dans tout ce qui considère que le matériel limite notre devenir en tant qu’hommes.
Notre vie chrétienne peut se teinter d’une couleur légèrement gnostique lorsque nous oublions la raison pour laquelle nous acceptons l’effort, les difficultés et les sacrifices de notre foi qui ne se trouvent que dans la rencontre avec le Christ. Quand nous sommes chrétiens pour le sentiment d’être une bonne personne. Quand nous nous tenons pour être un petit peu mieux que « les autres », un peu « au-delà de tout ». Seigneur, toi seul est au-delà de tout. Si tu trouves en moi de l’orgueil, rends-moi humble pour que je me reconnaisse tel que je suis devant toi. - « Dieu lui donne l’Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. »
Jean nous promet la vie éternelle si nous nous confions au Fils. Le Père, qui aime le Fils, qui lui donne l’Esprit sans mesure, nous met dans la main de Jésus-Christ. Nous sommes à lui. Nous lui appartenons. Lorsque nous cherchons une perfection absolue, gnostique, n’est-ce pas finalement parce que nous craignons de ne pas être assez bons pour être aimés, pour être dignes de vivre ? Or ce passage nous rappelle que nous sommes déjà aimés, avant d’être bons, spirituels ou parfaits. Nous sommes, tels que nous sommes, dans la main du Christ. Comme le précise le prophète Isaïe, Dieu nous a gravés sur les paumes de ses mains (cf. Is 49, 16).
Dialogue avec le Christ
Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, je veux contempler ta grandeur et ta puissance et, au cœur de cette puissance, je me contemple, là, gravé dans ta main.
Qu’est-ce que j’essaie de cacher de toi ? Dans quel domaine est-ce que je veux me débrouiller seul, me séparer de cette main puissante ?
Résolution
Remettre une difficulté que j’essaie de gérer seul dans les mains de Dieu.
Sarah Cleary, consacrée de Regnum Christi
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