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Le meilleur cadeau de Dieu

Dès le premier jour, Dieu m’a donné la grâce de savoir que cette maladie était un cadeau et une façon de me sanctifier en vivant avec la vision du ciel. Oserais-je dire que depuis ma vocation à la vie consacrée, cette maladie a été le meilleur cadeau que Dieu m’ait fait ?

Je suis très lâche face à la souffrance et, petite fille, à chaque fois que l’on me faisait une piqûre ou une prise de sang, je m’évanouissais systématiquement. Lorsque j’ai appris que le traitement pour cette maladie demanderait non seulement des piqûres quotidiennes mais que je devrais les effectuer moi-même, j’ai pensé que si je n’accomplissais pas ce geste pour quelqu’un, dans un but apostolique, ma vie deviendrait impossible. Je sais que l’amour est la force la plus efficace et que, par amour pour les autres, je suis capable d’accomplir ce que je ne pourrais pas faire seule.

Dès la première piqûre, j’ai mis un nom et un surnom et j’ai commencé à l’offrir pour des personnes qui, je le savais, avaient besoin de mes prières et sacrifices. Tous les jours j’avais une intention et petit à petit des requêtes particulières de la part de personnes qui savaient que j’offrais mes piqûres me parvenaient. « S’il te plaît, lors de ta piqûre aujourd’hui, recommande mon oncle qui est en train de mourir et ne s’est pas confessé », « s’il te plaît offre-la pour ma sœur qui doit subir demain un procès, où tout est contre elle ». Dans les moments les plus difficiles pour moi, lorsque je me sentais si faible, il ne me manquait jamais de requête « urgente » qui me rappelait que mon sacrifice avait beaucoup de valeur aux yeux de Dieu, et si je l’unissais à celui du Christ, il le bénirait infiniment.

Dieu a été très bon avec moi et, pour augmenter ma foi, il m’a permis de constater plusieurs fois les fruits immédiats de ma prière et il m’a fait sentir véritablement que ma souffrance était liée mystérieusement au salut de beaucoup d’âmes.

Aussi ai-je commencé à former mon « sac » : une bourse symbolique où je plaçais toutes les âmes pour lesquelles j’offrais mon sacrifice ainsi que chacun des sacrifices et des actes d’amour que je vivais quotidiennement. Je suis devenue convaincue qu’en réunissant pour le ciel ces sacrifices, aucun ne se perd. Il est vrai qu’il faut attendre la fin de la vie pour voir la totalité de la valeur que Dieu donne à chaque acte d’amour, si je suis unie à lui par la vie de grâce, mais j’ai la certitude que ce jour arrivera et qu’au ciel je verrai que tout en valait la peine. Toutes ces personnes pour lesquelles j’ai offert ma douleur seront là, m’aidant aussi à entrer au ciel, où le bonheur sera éternel.
Dieu m’a permis de vivre ces années de maladie pour m’apprendre qu’il écoute toujours ses enfants quand ils souffrent, et que si j’ai consacré ma vie à l’aimer et à collaborer avec lui dans la rédemption des âmes, la croix est la voie privilégiée pour l’obtenir. Aussi, bien qu’aux yeux des hommes ma vie peut paraître inutile, je sais qu’aux yeux de Dieu ma vie est précieuse, et a peut-être plus de fécondité, parce que je n’ai pas la possibilité de me distraire avec trop de choses. Ce qui est important, c’est de vivre pour le ciel et de profiter du temps que j’ai sur terre pour remplir mon « sac ».

Plus de sept ans se sont écoulés, avec ses moments faciles et difficiles, mais toujours en pensant au ciel et en sachant que mon sac a besoin de moi ; cela m’a donné la force de continuer et avec joie. Au début je pensais que les âmes de mon sac avaient besoin de moi, mais aujourd’hui je suis convaincue que c’est vraiment moi qui ai besoin d’elles ; si elles ne m’avaient pas « demandé » que j’embrasse la volonté de Dieu par amour, que je m’offre pour elles, bien des fois je n’aurais pas avancé.

Depuis quelques temps j’ai le souci de pouvoir partager avec d’autres personnes qui souffrent, ces raisons si simples mais si solides qui m’ont aidée à persévérer tous les jours. Finalement j’ai pu rassembler dans un « kit » tous les éléments qui m’ont soutenue et j’ai commencé à les partager dès que j’en avais l’occasion. Je dois avouer que le résultat m’a surprise. Je me suis rendu compte que ce cadeau n’était pas pour moi seule : Dieu me l’avait donné pour que je le partage avec beaucoup. Vivre de cette façon a changé ma vie : en moins d’un an j’avais déjà plus de 200 personnes dans un bataillon d’intercesseurs. Aujourd’hui le bataillon continue à grandir ; plus de 500 personnes offrent chaque jour leur petite croix pour l’unir à celle du Christ et collaborer au salut des âmes. Ce style de vie ne change pas la réalité, ne guérit pas ceux qui sont malades, ne fait pas revenir les êtres chers qu’on a perdus, mais donne un sens chrétien à sa propre souffrance et rappelle que la vie définitive n’est pas celle-ci, mais la vie éternelle, et cela vaut la peine de tout investir pour l’atteindre et aider à ce que beaucoup y parviennent.

Écoutez des chants de Marcela Maria de Campos sur l’album d’Amelia Silva en cliquant ici.