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« Je veux être un homme de prière et de pénitence »

Interview avec le Fr. Jérôme Dejoie, LC, diacre

Comment avez-vous décidé de devenir prêtre ?

Je n’aime pas vraiment parler de décision quand je parle de ma vocation sacerdotale. C’est avant tout un appel et il n’y a pas vraiment de formules magiques. Il faut avant tout être appelé par le Seigneur, cela ne dépend pas de nous. Ensuite, il faut savoir être attentif à son appel et l’écouter dans la prière. Dès mon adolescence, j’ai compris que Dieu avait un chemin pour chacun de nous. Je lui ai donc longuement demandé dans la prière ce qu’il voulait de moi et l’image du sacerdoce s’est imposée petit à petit.  

Et pourquoi dans la congrégation des Légionnaires du Christ ?

J’avais déjà l’idée du sacerdoce lorsque j’ai rencontré pour la première fois un prêtre légionnaire du Christ. J’ai été frappé par trois choses : tout d’abord il était jeune et très dynamique ; ensuite il montrait un magnifique esprit de charité, il ne critiquait jamais les autres et enfin il célébrait la messe en français mais avec la ferveur et le respect de la liturgie que je n’avais vus que chez les traditionalistes. Ces trois éléments ont été les éléments déclencheurs mais c’est surtout lors des deux ans de noviciat que j’ai pu approfondir la spiritualité des Légionnaires du Christ et que j’ai remarqué que c’était toujours ainsi que j’avais envisagé ma vie chrétienne.  

Pendant le mois d’octobre 2023, le Fr. Jérôme Dejoie, LC, a eu l’occasion de participer au synode en tant qu’aide logistique
Pendant le mois d’octobre 2023, le Fr. Jérôme Dejoie, LC, a eu l’occasion de participer au synode en tant qu’aide logistique

Comment votre vie à Rome a-t-elle influencé votre relation avec l’Église ?

Il est évident que passer huit ans à Rome est une incroyable bénédiction. Tout d’abord la ville de Rome permet une découverte des multiples congrégations et institutions qui composent l’Église dans sa grande diversité. Je garde un souvenir tout à fait spécial des messes du 2 février pour célébrer la journée de la vie religieuse. Sur la place Saint-Pierre ou dans la Basilique il y a des religieux et des religieuses de toutes les tailles, de toutes les couleurs, de toutes les langues et de tous les âges. Nous avons chacun notre spiritualité et notre façon de prier. Pourtant nous avons un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père. Lorsque le Saint-Père commence la célébration, nos différences ne sont plus un obstacle pour nous entendre. Nous prions tous Dieu avec les mêmes formules unis dans une même assemblée. C’est une expérience unique que je souhaite vraiment à tout le monde. L’Église nous montre que les différences peuvent être sublimées lorsque nous nous retrouvons sur l’essentiel.

Certains thèmes ou sujets d’étude de votre formation vous ont-ils intéressé d’une manière particulière ?

J’ai particulièrement approfondi la philosophie dans sa dimension morale. Je trouve toujours fascinant de voir que l’homme continue de vouloir nier sa condition de pécheur et fait semblant de s’indigner devant les scandales qu’il découvre dans les journaux. Chacun ferait mieux de s’interroger : pourquoi les scandales fascinent-ils autant ? Mais, surtout l’homme devrait regarder au fond de son cœur pour y trouver la trace du mal et le besoin essentiel du salut. Pour pouvoir accepter le message magnifique du Seigneur qui vient nous sauver, il faut tout d’abord reconnaître que nous avons besoin d’un sauveur.

Il est possible qu’une grande partie de votre vie soit vécue à l’étranger. Quels avantages et défis cela représente-t-il pour vous ?

La congrégation des Légionnaires du Christ est une congrégation internationale. C’est un énorme avantage et une magnifique occasion pour connaître différentes cultures et aussi apprendre à apprécier la richesse de sa propre culture. Je n’ai jamais autant aimé la France que lorsque j’ai vécu à l’étranger. Je suis très attaché à mon pays mais la vie d’un prêtre, c’est avant tout une vie de prière et de pénitence. Je peux prier pour la France et offrir des sacrifices pour elle depuis les quatre coins du globe. Si un jour je reviens exercer mon apostolat en France je serais très content mais, pour l’instant, je dois me concentrer sur ma mission aux États-Unis qui me passionne.   

Qui est Dieu pour vous ?

L’Amour de ma vie, tout simplement !

Avez-vous déjà douté et, si oui, qu’est-ce qui vous a redonné de l’assurance dans votre vocation ?

Le doute fait partie intégrante des étapes du discernement. Ce qui m’a aidé dans les périodes de doutes c’est avant tout de faire confiance au Seigneur et rester attentif à sa voix. Il sait toujours envoyer la bonne personne qui te dira la parole juste dans la bonne situation. Dieu est allé jusqu’à se faire homme et à mourir sur une croix pour nous révéler son amour. Si on y réfléchit bien, c’est une façon vraiment radicale de communiquer un message. Dieu n’a aucun souci pour communiquer ce qu’il veut nous dire quand il veut nous le dire. C’est à nous d’accepter ses termes et de rester en alerte car « nous ne savons ni le jour ni l’heure » comme nous le dit l’Évangile. 

Quel rôle la famille – biologique et Regnum Christi – joue-t-elle dans votre vocation ?

Ma famille a été essentielle puisque c’est au sein de ma famille que j’ai reçu la foi. Quand on a reçu beaucoup d’amour de la part de ses parents, on n’a pas beaucoup de difficultés à croire en un Dieu qui est Père et qui est amour et à lui faire confiance. Mes frères et sœurs ont toujours été les premiers soutiens de ma vocation. La famille spirituelle Regnum Christi a été fondamentale puisque c’est dans la congrégation des Légionnaires du Christ que j’ai trouvé les exemples de vie sacerdotale qui m’ont inspiré tout au long de ma formation. Mais je crois que l’essentiel du soutien de ma famille biologique et de ma famille spirituelle ce sont les nombreuses prières qui m’ont portée pendant de si nombreuses années. Je suis convaincu que mon chemin vers le sacerdoce n’aurait jamais été possible sans le soutien de tant de personnes qui prient pour ma vocation.    

L’année prochaine, vous serez – si Dieu le veut – ordonné prêtre. Quelle image du prêtre avez-vous à l’esprit ? Quel genre de prêtre souhaiteriez-vous être ?

Je veux être un prêtre simple. Sans faire beaucoup de bruit, je veux être un homme de prière et de pénitence qui cherche avant tout à transmettre l’amour de Dieu aux hommes. C’est tout. Évidemment je veux me donner pleinement à l’apostolat, mais je suis très conscient que, même si un jour je remplissais des stades entiers pour des conférences et autres grands évènements, ce ne sera jamais plus important qu’une simple messe célébrée dans une petite chapelle avec deux ou trois fidèles. Célébrer la messe et pardonner les péchés pour être un instrument de la grâce divine, c’est tout ce qui m’importe vraiment.    

Chaque religieux, diacre et prêtre a des dons particuliers et exerce son ministère dans un contexte particulier. De quelle manière vous sentez-vous appelé à exercer, par votre vocation, une influence positive dans le monde d’aujourd’hui ?   

Honnêtement je ne pense pas vraiment avoir de dons particuliers, mais je crois fermement que l’effort de vertu personnel est ce qu’il y a de mieux à faire pour exercer une influence positive dans le monde d’aujourd’hui. Chez les scouts, on nous a appris cette phrase de Lord Baden-Powell, fondateur du scoutisme : « Essayez de quitter ce monde en le laissant un peu meilleur que vous ne l’avez trouvé. Et quand l’heure de la mort approchera, vous pourrez mourir heureux en pensant que vous avez fait de votre mieux. » 

C’est toute mon ambition et c’est déjà beaucoup. Je suis entré au séminaire avec la ferme volonté de changer le monde et j’ai vite découvert que le premier pas pour un monde meilleur, c’était de m’efforcer chaque jour à être une personne meilleure. Ce n’est pas tous les jours facile mais heureusement la grâce de Dieu vient au secours de notre misère humaine.