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« Demeurez dans mon amour pour que votre joie soit parfaite »

Jeudi 6 mai 2021

Saint Jacques Chastan

Couleur liturgique : blanc

Évangile selon saint Jean 15, 9-11

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »

Prière

Mon Seigneur et mon Dieu, me voici en ta présence pour me laisser surprendre davantage par ton amour. Me voici humblement dans ton silence. Viens m’enseigner à plier mon genou et incliner ma tête en ta présence pour mieux écouter ta Parole, puis la mettre en pratique.

Demande

Donne-moi la grâce d’une plus grande écoute pour savoir unifier toute ma personne en la tienne ! Que mon intelligence comprenne ta sagesse pour que mon cœur demeure en ton amour !

Réflexion

  1. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. »
    Ce premier verset nous dépasse. Qui peut comprendre l’amour de Dieu ? Qui peut scruter l’amour du Père ? Aux yeux du monde, l’amour du Père paraît si paradoxal. Saint Paul ira jusqu’à dire que le Père « n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous » (Rm 8, 32a). En effet, quelques instants après avoir prononcé ces mots, Jésus, dans le jardin de Gethsémani, acceptera dans la pire des angoisses en suant des gouttes de sang ce calice amer de la volonté de son Père : souffrir la Passion et la mort sur la croix. Où est l’amour du Père en ce Vendredi Saint ? Peut-on parler d’un père quand celui-ci envoie son fils à la potence ?
    Saint Augustin disait au sujet de Dieu : « Si tu comprends, ce n’est pas Dieu ! » Face au mystère de la croix, nous touchons la totale transcendance de Dieu. Son impératif s’impose alors : « Demeurez dans mon amour. » Cet amour transcendant ne nous invite pas à un silence vide et béant. Il ne va pas contre notre nature humaine, sinon il vient la sublimer en la conduisant vers sa réalisation totale. En effet, il nous enveloppe dans le mouvement du Fils vers son Père, comme d’une force attirante et irrésistible. Ce mouvement est pur, et il ne cherche aucun intérêt, car Dieu vit dans une suffisance totale. Dieu ne connaît pas l’amour par intérêt car il n’a besoin de rien. Il est tout. Jésus nous invite dans cette communion d’amour avec le Père. Pour s’y glisser, il nous ordonne d’y demeurer, mais comment ?
  2. « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. »
    Pour demeurer dans l’amour du Christ, il faut garder ses commandements, comme lui a gardé les commandements de son Père. « Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance. » (He 5, 8) Si Jésus a souffert dans sa condition humaine pour garder les commandements de son Père, combien plus nous aussi nous devons apprendre à garder ses commandements en suivant son exemple d’obéissance dans les épreuves de la vie. Obéir selon l’étymologie latine ( ab-audire : écouter) nous invite à écouter tout d’abord : écouter Jésus à travers la lecture de l’Évangile commence toujours par un acte de profonde humilité. Yahvé ne cessera de répéter à son peuple élu, à travers Moïse : « Tu es un peuple à la nuque raide (…) » (Ex 33, 3b). Quant à Jésus, nous le contemplons « avec un regard de colère, navré de l’endurcissement de leur cœur » (Mc 3, 5a) et il traitera les pharisiens d’hypocrites à plusieurs reprises, justement à cause de leur manque d’obéissance authentique aux commandements (cf. Mc 7, 1-13, par exemple). Il faut donc apprendre à écouter, en inclinant la tête humblement pour se laisser convertir par les commandements de Jésus. Ils impliquent chaque jour une remise en question, un acte d’humilité : Seigneur, que veux-tu que je fasse pour toi ? Je veux t’aimer ainsi que mon prochain par-dessus tout comme toi tu m’as aimé : voici mes projets, voici mes idées, voici mes préoccupations et mes désirs. Viens me les ordonner pour que je demeure dans ton amour et pour m’élever vers ton Père en toi, par toi et avec toi.
  3. « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
    Demeurer dans l’amour de Jésus-Christ, c’est recevoir sa joie, fruit de l’Esprit-Saint, fruit de cette union intime entre Jésus et son Père. Une allégresse sensible certains jours, une félicité spirituelle taillée dans le bois de sa croix d’autres jours où le soleil de son amour disparaît sensiblement pour nous faire vivre de son espérance et prononcer avec saint Paul : « Avec le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Ga 2, 19-20) Cette joie n’est pas médiocre, ni passagère. Elle est parfaite. Comme Dieu, elle se veut immuable et auto-suffisante. Notre cœur recherche à travers ses désirs innombrables cette joie parfaite. Le risque consiste à vouloir la posséder, quand il faut apprendre à se laisser posséder et habiter par la vie du Christ. Quand Pierre propose de dresser trois tentes pour Jésus, Moïse et Élie lors de la Transfiguration, il voudrait comme figer et posséder cette joie indescriptible d’une telle vision de son Maître dans la gloire. C’est la voix du Père qui le ramène à la réalité : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » (Lc 9, 35b) Une fois encore, notre joie est la sienne dans la mesure où nous l’écoutons.

Dialogue avec le Christ

« Vivre d’Amour, c’est vivre de ta vie, Roi glorieux, délice des élus. Tu vis pour moi, caché dans une hostie, je veux pour toi me cacher, ô Jésus ! À des amants, il faut la solitude, un cœur à cœur qui dure nuit et jour. Ton seul regard fait ma béatitude, je vis d’Amour ! (…) » (Vivre d’amour, sainte Thérèse de Lisieux)

Résolution

Visiter Jésus-Eucharistie pour écouter les battements de son cœur et les unir aux siens, en lui demandant : quels sont tes commandements pour cette journée ? Que désires-tu de moi aujourd’hui ?

Frère Corentin Jarry, LC

Méditations : Regnum Christi
Texte de l’Évangile et informations liturgiques : © AELF – Paris – Tous droits réservés