Terre sainte
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Découvrir, visiter et garder les lieux saints

Lors de son voyage en Terre Sainte le 26 mai dernier, le Saint-Père a bien souligné qu’il fallait « sauvegarder les lieux saints dans leur sacralité : ce sont des lieux où les communautés des croyants vivent leur foi, leur culture, leurs initiatives caritatives ». Pour Cécile Beaure d’Augères, consacrée de Regnum Christi, un pèlerinage en Terre Sainte en 1982 a été le point de départ de la découverte de sa vocation personnelle mais aussi des débuts du mouvement Regnum Christi en France.

Après avoir vécu le pèlerinage très familial organisé par Emanuelle Pastore et le Père Nicolas Bossu, LC. en février 2014, il est impossible de ne pas être totalement d’accord avec notre Souverain Pontife.
Avec cette « escapade familiale », j’ai pu réaliser le rêve que j’avais fait, il y a 32 ans lors de mon dernier pèlerinage sur les pas de Jésus. Nous y avions passé la Semaine Sainte avec un pèlerinage organisé par le Sacré-Cœur de Montmartre alors que, lors de mon premier séjour, nous avions vécu en août 1975 une inoubliable marche entre Jéricho et Jérusalem, sans égale pour vivre de près les effets de la bonté, de la générosité et de la charité du Bon Samaritain face à ce pauvre homme détroussé sur la route, en plein désert, en plein soleil, sous un ciel sans nuage.
Au cours de ce pèlerinage-là, les passages d’une région à l’autre étaient un peu plus faciles, nous étions allés au « Mont Sinaï » en avion et en bus. Nous avions atteint le « Monastère sainte Catherine » dont l’histoire remonte aux 3e-4e siècles, construit là où se serait trouvé le « Buisson Ardent » et restructuré par sainte Hélène au moment des persécutions de Dèce. Nous nous étions levés à 3h du matin et avions entrepris l’ascension du Djebel Moussa (Mont Moïse – 2288 mètres) en emportant, dans nos sacs à dos, le nécessaire pour célébrer la messe. Pause après pause, pour admirer le lever du soleil entre les vallées et les sommets de la péninsule du Sinaï et, aussi (ouf !), retrouver notre respiration, nous avions atteint le sommet. Nous avions célébré la messe sur le plat d’un rocher !
Après un temps de méditation et une « pause-café » nous étions redescendu par un chemin tracé par les croisés quelque 2500 marches aux entablements remarquablement inégaux. Nous étions arrivés « sur les genoux » au Monastère sainte Catherine. Heureusement, nous avions visité les trésors architecturaux et les icônes la veille au soir.
En 1978, je suis revenue dans cette terre si chère au Christ pour participer à un congrès scientifique qui durait trois jours, à Safed. Entre les exposés scientifiques, des voyages « touristiques » nous étaient offerts par Israël, le pays invitant. On nous a – un peu – expliqué que Safed était le lieu de la « Kabbale », époque où de nombreux Juifs chassés par l’inquisition espagnole s’étaient établis là pour rechercher dans les Écritures, la voie d’accès à Dieu. La première imprimerie de Palestine dans laquelle a été édité le premier livre en hébreu était là, à Safed. On retrouve trace de cette ville dans l’Évangile de Matthieu qui parle « d’une ville sise au sommet d’un mont et qui ne peut se cacher »1. Nous sommes aussi allés à Jaffa où l’office du tourisme nous a longuement parlé de Jonas que la baleine aurait recraché sur la côte, presque « à nos pieds ».
En 1982, je suis revenue en Terre Sainte avec les pèlerinages de Montmartre. Nous y avons passé toute la Semaine Sainte et, sans négliger Nazareth ni Bethléem, ni le champ des bergers, nous sommes restés plus longtemps à Jérusalem et aux différents lieux plus spécialement marquants de la Passion, mort et Résurrection du Christ.
Nous avons visité et nous avons suivi le Christ depuis le Cénacle jusqu’au Mont des Oliviers où il a été trahi et vendu, puis à Saint Pierre en Gallicante où il a été renié. Nous sommes passés au couvent du Lithostotos – l’Ecce Homo – où Pilate s’est lavé les mains. Avec ce chemin de croix, nous sommes arrivés au Saint Sépulcre avec le crucifiement, la mort sur la croix, la « pierre de l’onction » et la mise au tombeau. Nous nous sommes arrêtés à la « chapelle de la vraie Croix » où sainte Hélène a retrouvé la Croix du Christ.
C’est là, dans cette chapelle, que j’ai voulu parler au Père responsable du bus pour lui exposer une histoire très matérielle de confort dans l’un de nos hébergements. J’ai eu l’impression que ce que je lui disais ne l’intéressait pas du tout : il cherchait quelqu’un pour « l’aider à fonder quelque chose de tout nouveau en France ».
Donc, nous nous sommes revus à Paris, le lundi de Pâques, pour parler de ce projet. J’ai expliqué que le temps libre dont je disposais était réduit parce que je devais fréquemment partir en déplacement de plusieurs jours. Le Père m’a expliqué que ce n’était pas une raison pour ne pas essayer et commencer. Il proposait de réunir différentes personnes, jeunes filles ou jeunes femmes, pour constituer des « groupes de prière » dont le thème serait des « Rencontres avec le Christ » bien connues par les membres du Mouvement – au Mexique !
Mais le Mouvement n’existait pas encore en France, il fallait donc trouver les personnes, calmer leur inquiétude, leur expliquer qu’il s’agissait de quelque chose de très nouveau mais de passionnant. Petit à petit, nous avons commencé à 3 et nous nous sommes retrouvées une dizaine au mois de novembre 1982. A ce moment-là, le réseau Internet, etc, n’existait pas encore et le père résidait à Monaco où il était prêtre diocésain. Tous les contacts se faisaient donc par téléphone !
Je n’étais pas revenue en Terre Sainte jusqu’en février 2014 mais, en 30 ans, de nombreux événements se sont passés en France dans le mouvement Regnum Christi. Il est évident que le père avait demandé à plusieurs autres personnes de « l’aider à fonder quelque chose de nouveau en France » !
Là, je veux remercier le père Nicolas et Emanuelle ainsi que tous les participants du voyage de février : avec eux et grâce à eux, j’ai redécouvert le pays de Jésus, la ville de Jérusalem avec ses fouilles, ses piscines, ses mystères et j’ai touché de la pointe du doigt les découvertes et les mises à jour archéologiques, j’ai retrouvé avec émotion la représentation en trois dimensions de l’image du saint Suaire. Nous avons vu la barrière construite entre Israël et la Palestine, celle devant laquelle le Pape François a demandé à s’arrêter lors de son dernier voyage.
Nous avons visité les fouilles du Magdala Center, eu l’occasion de voir la mise en place du futur zoo biblique et la construction de l’église « Duc in Altum » dont le Pape a béni le tabernacle après s’être rendu à l’Institut pontifical Notre-Dame de Jérusalem. Il y a reçu le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou2, en présence de cent-vingt invités, amis et bienfaiteurs et en présence également du père Eduardo Robles Gil, supérieur général de la congrégation des légionnaires du Christ qui est responsable du projet.
Ce voyage de février m’a permis de mieux comprendre les difficultés d’entente entre les peuples, les pays, les nations, entre les religions ; de voir que les blessures qui datent de plus de 1000 ans peuvent s’ouvrir à la discussion, d’admirer le zèle et la détermination du Saint-Père pour faire avancer la paix religieuse et civile au milieu des populations qui se haïssent jusqu’à la violence la plus déchaînée avec des motifs qui se perdent dans la nuit des temps et dont personne ne peut vraiment et raisonnablement « donner raison ».
Le Saint-Père a invité tous et chacun à abandonner la violence qui ne sert à rien et à se mettre autour d’une table pour discuter. Les deux dirigeants d’Israël et de Palestine se rendront à Rome le 8 juin prochain pour prier avec le Pape. Que de grands pas ont été faits ! Merci infiniment au Dieu de bonté et de misériorde.
Cécile Beaure d’Augères, consacrée de Regnum Christi