Apôtres en mission
Communiqué de la première Convention générale de la Fédération Regnum Christi
La première Convention générale ordinaire de la Fédération Regnum Christi a réuni cent quinze délégués et cinq invités de toutes les provinces et des quatre états de vie qui composent Regnum Christi (laïcs, consacrées, laïcs consacrés, légionnaires du Christ). La Convention s’est déroulée à Rome du 29 avril au 4 mai 2024. Sous la devise « Apôtres en mission », nous, délégués, avons réfléchi en particulier à la réalité de l’apostolat.
Le chemin parcouru
« Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. »
Lc 24, 15
Cette réflexion avait été précédée d’une phase locale puis provinciale
Nous avons pu exercer un discernement de la réalité à la lumière de l’Évangile et de l’apostolat en nous appuyant sur ce qui a été vécu lors des étapes précédentes de notre cheminement, dont nous faisons mémoire avec gratitude envers Dieu et l’Église qui nous a accompagnés et continue à nous accompagner comme une authentique mère.
Les statuts en vigueur, élaborés dans un sincère esprit synodal, le statut juridique canonique de la fédération et la confirmation de notre charisme, de notre identité, de notre esprit et de notre mission nous permettent de travailler sur des bases solides. Forts des convictions qui jaillissent de notre charisme, que nous recevons comme don de Dieu, et d’une profonde vision chrétienne des réalités auxquelles nous sommes appelés et envoyés, nous renouvelons notre désir et notre engagement de rendre présent le Règne du Christ dans les cœurs et dans la société, dans l’ici et l’aujourd’hui de notre monde.
Nous avons choisi la dynamique du « voir, juger, agir » pour aborder les différents thèmes proposés :
- La plénitude de la vocation de tous les membres, qui comprend : l’identité, la mission et l’appartenance des laïcs ; la formation Regnum Christi ; la connaissance et l’assimilation de notre charisme ; la culture et la promotion des vocations.
- La communauté des apôtres, qui comprend : un service pastoral intégré dans la localité ; la formation de formateurs et le « leadership » à l’exemple de Jésus ; des structures au service de la communauté et de la mission.
- La mission de Regnum Christi auprès des adolescents et des jeunes, dans le mariage et la famille et dans la culture.
En équipes et en groupes de travail, ainsi qu’en sessions plénières, nous nous sommes consacrés à répondre aux questions suivantes :
- Comment voyons-nous le monde dans lequel le Seigneur nous envoie aujourd’hui et comment nous y situons-nous ?
- À quoi nous appelle-t-il pour les six prochaines années ?
- Comment pouvons-nous répondre en tant que famille spirituelle et communauté d’apôtres ?
Le monde dans lequel nous avons été appelés et dans lequel nous sommes envoyés
« Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? »
Jn 1, 38
Sachant que nous appartenons à ce monde déchu et racheté, nous entendons le Maître nous demander comme apôtres du Royaume : « Que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38). Dans une attitude intérieure de discernement, nous répondons : « Où demeures-tu ? »
Nous vivons une époque de changements constants et rapides, mais surtout, nous vivons un changement d’époque (cf. Pape François, 10 novembre 2015). Nous ne pouvons pas identifier complètement toutes les causes de ce changement et nous pouvons encore moins en prévoir toutes les conséquences. Un diagnostic complet d’un monde culturellement et socialement si hétérogène et changeant nous conduirait à des jugements simplistes et hâtifs. Mais nous pouvons affirmer qu’à l’ivraie se mêlent des pousses de blé qui annoncent le pain de vie. En ce sens, la réflexion sur les contributions recueillies dans les phases locales et provinciales de préparation à cette Convention générale nous a permis de discerner certains des défis de notre temps.
Nous constatons une profonde crise anthropologique et de la raison. Nous vivons dans un monde où le champ des possibles est vaste, mais qui ne propose pas de principes, de valeurs ou de critères pour une prise de décision ajustée.
Dans ce nouveau contexte social, nous, chrétiens, ne nous situons plus au centre de la société, mais à ses périphéries ; nous sommes passés de la majorité à une minorité. Au lieu de nous sentir « chez nous » dans une culture imprégnée des valeurs chrétiennes, nous nous sentons « pèlerins ».
En regardant les contributions transmises à la Convention générale, nous constatons que de nombreuses déclarations ont été faites sur les autres ou sur le monde, sans peut-être nous rendre compte que nous en faisons partie et que nous sommes nous aussi profondément touchés par ce changement d’époque.
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ. » (Gaudium et spes, 1). Nous reconnaissons que nous sommes solidaires de tous ceux avec qui nous partageons les joies et les difficultés de ce tournant de l’histoire.
Voir le monde avec les yeux du Christ et l’aimer de tout son cœur : le regard de l’apôtre du royaume de Dieu
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »
Jn 3, 16
Face à la situation de notre monde, nous identifions, entre autres, trois tentations qui nous guettent en tant que membres de l’Église et de Regnum Christi :
Nous enfermer dans un « bunker », c’est-à-dire nous retirer et nous isoler du monde en attendant que la tempête passe. Le « bunker » nous empêche d’aller vers les autres pour témoigner des raisons de notre espérance ; il nous empêche d’être un lieu de rencontre et d’accueil pour ceux qui sont éloignés de l’Église et marginalisés par la société ; il nous donne l’illusion que nous sommes les seuls à avoir raison et que les autres ont tort. Cette vie chrétienne de conservation ou de survie est loin du commandement missionnaire et d’accueil que nous avons reçu du Christ. Elle ne correspond pas à l’esprit apostolique de Regnum Christi.
Nous laisser gagner par la nostalgie d’un passé qui ne reviendra pas. Cela nous empêche de vivre le temps qui nous est donné par Dieu et peut nous conduire à agir avec des attitudes et des méthodes insuffisantes pour rendre présent le royaume du Christ dans le monde d’aujourd’hui. La nostalgie peut nous paralyser et nous empêcher d’explorer de nouvelles possibilités et voies apostoliques. Si nous continuons à utiliser les mêmes vieilles méthodes dans l’accomplissement de notre mission, nos réponses à l’appel de Dieu perdront de leur pertinence aujourd’hui.
Suivre les principes, critères et méthodes dominants de ce monde dans lequel le Seigneur nous envoie. SI nous voulons être acceptés et reconnus, si nous sommes à la recherche pressante de solutions immédiates ou mus par le désir de réussir, nous risquons d’oublier que, bien que nous soyons dans le monde, nous appartenons au Christ.
L’apôtre du Royaume de Dieu affronte ces tentations avec la certitude que Jésus-Christ est la source de la vérité éternelle : il nous révèle notre identité et notre appartenance à lui-même et à l’Église ; c’est en lui que nous avons confiance ; il est notre espérance ; en lui, nous nous reconnaissons comme frères et sœurs. Nous savons que nous devons considérer le monde et les autres à la lumière du Christ. Cette conviction ne signifie pas forcément que nous savons comment partir de cette vérité pour annoncer l’Évangile dans la vie et la culture de notre temps. Nous sommes plutôt certains que c’est là notre plus grand défi : trouver la meilleure façon d’établir le royaume du Christ aujourd’hui et agir en conséquence.
Nous savons que le cœur de l’homme est bien constitué. Même dans des attitudes et des comportements qui nous sont obscurs, nous pouvons reconnaître un désir, une quête orientés vers Dieu. Nous constatons qu’aujourd’hui, non en dépit, mais justement au milieu d’un monde sécularisé, nous pouvons approfondir notre vocation chrétienne et lui donner plus de sens.
Nous nous émerveillons en découvrant qu’au milieu du monde Jésus-Christ lui-même, celui qui a conquis nos cœurs, marche à nos côtés en tant que maître de l’histoire et fait germer les graines du Royaume de Dieu, aussi bien dans les moments de tristesse, de désolation et de croix que dans les moments de joie et de consolation.
C’est le temps de la grâce de Dieu pour nous, notre kairós ; le temps de la joie spirituelle ici et maintenant, le temps de manifester à tous l’amour rédempteur. Nous pouvons regarder le passé sans nostalgie et sans peur, car il fait mémoire du « Dieu avec nous ». Nous pouvons regarder vers l’avenir avec une espérance toute théologique, sans nous perdre dans des illusions de grandeur mondaine.
Nous reconnaissons la primauté des dons surnaturels qui guident notre jugement selon l’Évangile et orientent notre mission apostolique. Nous cheminons avec la force du baptême, qui nous assure la grâce nécessaire pour le long et laborieux combat sur la voie de la sainteté.
Notre charisme nous offre un soutien solide grâce aux cinq éléments du style de vie du membre de Regnum Christi (Règlement pour les laïcs associés de la Fédération Regnum Christi, 2), dans notre manière de nous donner et dans nos principes d’action apostolique (Statuts de la Fédération Regnum Christi, 10, 32-39), que nous devons appliquer de manière créative. Notre mission doit inclure tout le parcours de vie des membres et des personnes avec lesquelles nous sommes en contact, les accompagner dans ce cheminement et les conduire à une rencontre avec le Christ.
Une orientation missionnaire courageuse et engagée
« Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : Recevez l’Esprit Saint. »
Jn 20, 21-22
Un changement d’époque comme celui que nous vivons actuellement exige une orientation missionnaire courageuse et engagée. De petits changements dans notre pastorale traditionnelle ne suffiront pas. Le simple déploiement de moyens ou la mise en œuvre de plans, manuels et programmes ne suffiront pas non plus. Tout cela ne nous mènera qu’à ce que nous connaissons déjà. En paraphrasant saint Jean de la Croix, nous pourrions dire que : « pour aller sur la voie que nous ne connaissons pas encore, nous devons emprunter des chemins inconnus. »
Nous voulons promouvoir une culture du discernement apostolique selon l’Évangile. Cela implique de chercher à découvrir la semence du Royaume de Dieu présente dans chaque situation, en essayant de trouver et de proposer une réponse appropriée pour chaque personne. Nous sommes appelés, tant personnellement qu’institutionnellement, à lire le monde à partir du Cœur de Jésus et à vaincre le mal par le bien (cf. Rm 12, 21).
Dans la mise en œuvre de ce principe, en appliquant le « voir et juger » la situation du monde, nous avons considéré comme prioritaire, lors des premières sessions plénières de cette Convention générale, d’orienter notre vie et notre mission d’évangélisation selon les perspectives d’action missionnaire suivantes :
Passer d’une espérance trop humaine à une espérance radicalement ancrée dans le Christ
Nous voulons regarder la réalité avec le regard du Christ, découvrir le Royaume de Dieu qui est déjà présent ici et maintenant, et nous sentir appelés à le faire grandir. Si nous vivons l’espérance théologique qui découle d’une vie contemplative authentique, convaincus du triomphe du Seigneur, même si nous traversons des vallées obscures, nous deviendrons des apôtres courageux et enthousiastes. Fonder notre espérance, c’est prendre au sérieux le message chrétien avec toutes ses conséquences.
De la dépendance des branches consacrées à un charisme accueilli et promu par tous
Nous voulons être une famille spirituelle Regnum Christi ouverte à la voix de l’Esprit Saint qui se manifeste en chacun, en reconnaissant le charisme présent dans tous les états de vie, en redécouvrant que nous nous enrichissons mutuellement et que nous faisons avancer la mission ensemble. Cela implique de nous laisser interpeller par nos compagnons de route, d’être ouverts et d’encourager l’écoute, en particulier de ce que le Seigneur nous dit à travers les laïcs de Regnum Christi, « qui répondent à une invitation de Dieu à vivre les promesses de leur baptême au milieu du monde selon le charisme de Regnum Christi » (Règlement pour les laïcs associés de la Fédération Regnum Christi, 1 §1). Nous voulons nous référer les uns aux autres davantage sur la base de notre charisme commun que sur la base de nos fonctions individuelles.
De la priorité donnée aux manuels et aux modèles, au discernement et à l’adaptation
Nous voulons être fermes dans les principes, souples et créatifs dans les moyens ; nous cherchons à reconnaître, accepter et mieux protéger ce qui est essentiel dans notre charisme, tout en demeurant flexible par rapport à ce qui est secondaire. Nous voulons que chaque communauté d’apôtres de Regnum Christi prenne la responsabilité, sur le terrain, d’analyser la réalité pour découvrir et faire fructifier le Royaume du Christ qui y est présent ; c’est là doit se décider la manière dont la mission doit être concrètement menée. Fidèles au charisme que nous avons reçu, nous nous efforçons d’adapter les méthodes et les procédés à la diversité des circonstances.
D’une pastorale orientée par ceux qui sont déjà à l’intérieur à une pastorale pour ceux qui se trouvent à la croisée des chemins
Nous nous sentons concernés par la mission du Christ : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples. » (Mt 28,19) Nous sommes appelés à aller au-delà des frontières déjà connues. Nous voulons partager le cœur du Bon Berger qui, dans le monde d’aujourd’hui, n’abandonne pas les quatre-vingt-dix-neuf brebis pour aller chercher l’une d’elles, mais qui, avec l’une d’entre elles, va chercher les quatre-vingt-dix-neuf autres ; qui sort pour aller à la rencontre de ceux qui sont dispersés et éloignés, à la croisée des chemins.
Les fruits de la Convention générale
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. »
Jn 15, 16
Pendant ces quelques jours, nous avons renouvelé la conviction que nous sommes appelés à mettre en pratique, avec dévouement et espérance, le charisme que Dieu nous a donné en tant que famille spirituelle et communauté d’apostolat au service de l’Église (cf. Statuts de la Fédération Regnum Christi, 3).
La Convention générale produit différents fruits : le processus de discernement lui-même, la réflexion au sein des équipes, les expériences des participants et l’engagement apostolique renouvelé. Tout cela s’est traduit dans les décisions de cette Convention générale et a une grande valeur pour notre vie et notre mission.
Nous avons dégagé quelques priorités pour Regnum Christi dans son ensemble et confié cinq tâches au Collège général de direction de la Fédération. Nous avons également identifié des principes et des convictions qui guident notre mission. Tout cela constitue le cadre de base pour l’élaboration du plan stratégique de la Fédération pour les six prochaines années.
Les priorités
Promouvoir une culture vocationnelle
Nous voulons fonder notre action apostolique sur la vocation personnelle que Dieu donne à chaque homme et y insuffler une authentique pédagogie de la vocation. Pédagogie qui favorise la compréhension de la vie comme vocation et facilite sa découverte et son accueil (cf. Statuts de la Fédération Regnum Christi, 48).
Nous aspirons à ce que, au sein de Regnum Christi, le cheminement naturel vers la plénitude vocationnelle soit encouragé et qu’ainsi puissent jaillir des vocations au mariage, à la vie consacrée et à la vie sacerdotale.
Assumer l’engagement d’être et de former des communautés d’apôtres « en sortie » (cf. pape François), à l’exemple des premiers chrétiens
Nous croyons qu’il s’agit d’une réponse adaptée aux besoins de l’évangélisation dans le monde d’aujourd’hui. Dans ces communautés, les cinq éléments qui nourrissent la vie de l’apôtre du Royaume sont vécus et l’urgence de partager l’amour du Christ se fait sentir en donnant vie à de nouvelles communautés d’apôtres.
Nous voulons être des communautés contemplatives et évangélisatrices, des minorités créatives capables de semer et de faire croître la semence du Royaume de Dieu, où qu’elles soient. Cela signifie que nous devons renouveler notre compréhension de nous-mêmes en tant qu’apôtres, ainsi que notre orientation et nos critères de prise de décision, de discernement selon l’Évangile et d’action apostolique.
Promouvoir la pastorale du mariage et de la famille comme cellule fondamentale de la société et comme lieu naturel où l’homme se découvre, se développe et apprend à s’aimer.
Nous voulons que la structure de Regnum Christi réponde mieux aux besoins du mariage et développe des parcours de formation qui accompagnent la vocation à l’amour dans toutes ses phases et situations : les fiançailles, la préparation au mariage, le mariage, l’arrivée des enfants, la vieillesse et le deuil, ainsi que, lorsque cela arrive malheureusement, la séparation ou le divorce. Nous voulons former et offrir à la société de véritables apôtres du mariage et de la famille.
Les tâches
En plus de ces priorités, nous avons confié cinq tâches au Collège général de direction. En voici un résumé :
L’élaboration de programmes de formation par une commission spécialisée composée de personnes issues de différentes provinces
- Former un groupe de réflexion (think tank) qui se consacrera en permanence à l’analyse de la situation actuelle dans une perspective charismatique et proposera aux membres de Regnum Christi des clés pour le discernement de la réalité sur la base des valeurs de l’Évangile, afin de favoriser l’accomplissement de notre mission apostolique
- Travailler à l’orientation de toutes les réalités de la Fédération Regnum Christi – institutions fédérées et œuvres apostoliques communes – vers la mission commune (cf. Statuts de la Fédération Regnum Christi, 42-26 et explication).
- Créer un département dédié à la famille, au sein du bureau « Vie et mission » du Collège général de direction, dont l’objectif principal sera de créer des synergies au niveau international, provincial et local.
- Mettre en place un programme de formation pour les responsables de la Fédération et des équipes provinciales et générales de Regnum Christi dont l’objectif sera de parvenir à un changement culturel basé sur les valeurs du leadership évangélique à l’image du Christ (charité, service, écoute, collaboration).
Les recommandations
Nous avons adressé quelques recommandations au Collège général de direction, aux collèges provinciaux de direction, aux institutions fédérées et aux instances des œuvres communes.
Parmi celles-ci, deux concernent particulièrement les membres laïcs associés de Regnum Christi, à savoir : la reprise de la réflexion concernant leur participation aux instances dirigeantes avec voix consultative, lorsque les conditions sont réunies, et l’aboutissement de la réflexion sur la « promesse d’engagement et de dévouement » (Règlement pour les laïcs associés de la Fédération Regnum Christi, 24).
Quelques certitudes et convictions
Ces journées ont également été l’occasion de réaffirmer certaines de nos certitudes et convictions. Entre autres :
Nous avons confirmé le contenu et l’esprit des statuts de la Fédération Regnum Christi.
Nous voyons le besoin d’approfondir la connaissance, la compréhension et l’engagement affectif et effectif du contenu de ces Statuts, afin de les assimiler. En effet, nous y trouvons formulées les grandes lignes de notre charisme, de notre spiritualité et de notre mission apostolique. Les Statuts sont une lumière et un critère de discernement pour notre être et notre action.
Nous sommes fermement convaincus que les quatre états de vie de Regnum Christi, de par leur identité, sont appelées à offrir leur contribution à la mission commune. Nous constatons qu’après ces années de renouveau, il y a encore du chemin à parcourir pour renforcer l’identité de chaque vocation et la manière dont chacune peut accompagner au mieux les autres. Nous voulons promouvoir une culture qui mette en valeur ce qui est positif, en reconnaissant et célébrant les fruits que le Seigneur nous donne et la contribution personnelle de chaque membre de la communauté. Nous désirons porter une attention particulières à certaines vertus caractéristiques de notre style de vie : la charité, la disponibilité pour la mission et la confiance.
Il est fondamental que tout ce que nous fassions soit constamment imprégné de la dimension contemplative. Nous voulons être des hommes et des femmes de prière, d’Évangile et d’Eucharistie, main dans la main avec Marie. Nous cherchons à ce que la source du renouveau de l’élan apostolique ne vienne pas de nos propres forces et idées, mais de l’action de Dieu en chacun de nous et dans les communautés, car le Seigneur nous a dit : « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15, 5)
Nous voulons être une famille spirituelle Regnum Christi « en sortie » avec un style particulier de dévouement, afin d’être apôtres selon le numéro 10 de nos Statuts. Nous confirmons notre intention de former des personnes prêtes à vivre pleinement leur condition d’apôtres, d’envoyés du Christ dans un monde qui a besoin de Dieu, ainsi que l’engagement de former des formateurs sur le modèle du Christ, apôtre du Royaume.
Nous pensons que les structures existantes de la Fédération conviennent et qu’elles doivent être au service de la mission, capables de s’adapter lorsque celle-ci l’exige. Nous n’avons pas négligé le fait que nous sommes dans une étape de mise en œuvre et de maturation de ces structures. Bien que cinq années se soient déjà écoulées, nous devons accepter avec calme et sérénité qu’il s’agit d’un long processus qui requiert sagesse et patience. Les structures sont au service de la mission et font l’objet d’une adaptation constante, dans une dynamique qui apporte sans cesse de nouveaux défis.
Nous pensons qu’il est important de promouvoir une culture de l’accompagnement (accompagner et se laisser accompagner) dans toutes les sections et œuvres apostoliques de Regnum Christi, en encourageant également la formation d’accompagnateurs.
La Convention générale s’est penchée sur le fait que certaines blessures de notre histoire affectent encore les relations entre nous. Nous voyons tous la nécessité de corriger les erreurs, d’en tirer les leçons et de grandir ensemble dans notre mission commune. Le Conseil général a décidé d’aborder cette question avec détermination.
Élection des six laïcs qui participeront à l’Assemblée plénière générale
Les 36 délégués laïcs participant à la Convention générale ont élu les six laïcs qui participeront à l’Assemblée plénière générale de Regnum Christi au cours des six prochaines années. Il s’agit de : Horacio Gómez, Cathie Zentner, Guillermo Narro, Cristina Regueira, Maria Fioretta Bini Smaghi et David Zárate.
Nous prions pour que le Saint-Esprit les illumine dans ce ministère. Le Collège général de direction choisira deux de ces six laïcs pour l’assister au cours des six prochaines années.
Nous sommes profondément reconnaissants aux laïcs qui ont assumé cette responsabilité au cours des premières années d’existence de la Fédération : Francisco Gámez-Arcaya, Álvaro Abellán-García, Carmen Fernández, Kerrie Rivard, José Antonio Lebrija et David Zárate.
Tous ont également participé aux longues années pendant lesquelles les laïcs ont dû discerner leur manière de partager le charisme au sein de Regnum Christi et la manière de s’insérer dans le droit propre de la Fédération.
Conclusion
« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Lc 1, 45
Au terme de cette première Convention générale ordinaire de la Fédération Regnum Christi, nous, délégués, sommes conscients de l’époque dans laquelle nous vivons. C’est l’humble histoire de notre famille spirituelle, qui s’insère dans un moment important de l’Église et dans un grand changement d’époque dans le monde.
Nous sommes allés et nous avons vu où demeure le Maître ; nos cœurs s’émerveillent parce qu’il se manifeste dans nos frères et sœurs et dans les hommes et les femmes que nous rencontrons sur le chemin. C’est lui qui nous accompagne et va à notre rencontre pour nous révéler l’amour de son Cœur et nous former comme apôtres de son Royaume.
Le long chemin parcouru au cours de ces années nous remplit de gratitude envers ceux qui ont incarné le charisme dès le début et envers ceux qui ont contribué à son renouvellement et à sa purification, même si certains d’entre eux ne sont plus parmi nous. Merci !
Nous avons essayé de répondre à l’invitation du pape François, exprimée dans son message au début de la Convention : « Aujourd’hui plus que jamais, la société exige que nous soyons capables de donner des raisons d’espérer face aux défis de notre temps (cf. 1 P 3,15). »
Nous avons confiance dans la grâce de Dieu et dans le dévouement de tant d’hommes et de femmes qui, partout dans notre monde, vivent et font vivre le charisme de Regnum Christi.
Le cœur renouvelé, nous retournons dans nos provinces et dans nos communautés d’apôtres locales, accompagnés par Marie, Mère de l’espérance, dans la joie de l’apôtre du Royaume.
Rome, le 4 mai 2024
Questions à Amélie Perroy, consacrée de Regnum Christi, qui a participé à la Convention générale
La première Convention générale s’est achevée. Quels sont vos constats, vos conclusions, vos souvenirs personnels et vos impressions ? Quelles expériences aimeriez-vous partager avec les membres de votre province ?
Cette première Convention générale a été l’occasion de renouveler mon sens de la famille spirituelle. Rencontrer des personnes venues du monde entier pour discerner dans la prière notre foi et l’application de notre charisme dans les différents lieux où nous nous trouvons était profondément émouvant. Le Christ est vivant et il a touché nos cœurs par son Esprit d’une manière douce et ferme.
À l’échelle globale, la famille Regnum Christi en Europe est plutôt modeste. Quels sont les questions ou les sujets que notre Convention provinciale a privilégiés et qui sont d’une importance similaire dans le monde entier et pourquoi ? Où y a-t-il des similitudes et des différences au niveau mondial ?
Nous avons longuement discuté de la manière de promouvoir la pastorale du mariage et de la famille à tous les stades et dans toutes les situations : les fréquentations, les formations avant le mariage, le mariage lui-même, la vieillesse et le deuil, ainsi que la séparation et le divorce. L’Église nous a exhortés à prendre en compte la famille dans toutes ses étapes. Dans de nombreux endroits où nous travaillons en Europe, nous développons des programmes pour répondre à ces besoins.